Sith [Apocaliptic Blow]

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Les hauts plateaux du Tibet. Terres désolées, population majoritairement paysanne, misère avoisinant des sommets comme la hauteur des lieux. Rien de très réjouissant dans pareil panorama, malgré les illusions de sagesse et de grandeur véhiculés au sein de la population par les hauts responsables religieux du pays, en toute illégalité qui plus est. Mais il faut bien leur donner de l’espoir à ces pauvres êtres presque dénués d’avenir à l’exception d’une survie aléatoire faite de servitude et de souffrances, histoire d'endiguer le flot de suicides tant bien que mal.

C’est dans un foyer non loin de Lhassa que naquit Sith Nang Lha, petit dernier d’une fratrie qui comptait déjà quatre autres gosses, que ses parents avaient parfois peine à nourrir avec pour seuls revenus ceux de la production qu’ils vendaient à la coopérative agricole. Ils s’en sortaient tout juste, arrivaient à vivre décemment mais pas à masquer leur statut de pauvres, clairement pas. La sœur de Sith, son aînée de deux ans, ne fût jamais envoyée à l’école contrairement à ses frères, lui y compris. Même dans les années 2700 et des broutilles, dans cette région reculée du monde, on considérait toujours que la place d’une femme était au foyer à s’occuper des hommes de la maison. La petite assistait donc sa mère et devint couturière. Quant à ses frères, ils ne firent qu’un bref passage par les arcanes de l’instruction, pour revenir comme presque tous à la terre nourricière, aux champs et au labeur qui est le quotidien de tout à chacun même pour les habitants les plus proches de la capitale.

Sith était différent de ses frères et sœurs, sa mère l’avait tout de suite pressentit en le voyant grandir. Il se montra plus éveillé et curieux que les autres, plus difficile aussi, même tout petit. Il refusait par exemple de se nourrir, au point qu’à une période on craignait pour sa vie, le bambin ne faisant que maigrir à force de refuser la nourriture qui bien que frugale, n’en était pas moins essentielle. Il paraissait déjà insatisfait de sa condition, de son entourage, de ses origines et tout ce qui faisait alors son identité naissante. Les craintes de sa mère se confirmèrent quand l’enfant commença à fréquenter l’école. Certes il se montra moins difficile, mais se fût seulement pour se détacher encore plus de sa famille. Une seule chose paraissait l’intéresser, apprendre. Encore et toujours, le nez dans les livres. Ils pouvaient être fiers de lui, premier de la classe presque constamment, il sauta même un grade et obtint une bourse pour financer le lycée en Chine, Lhassa ne lui permettant pas un niveau d’étude à la mesure de ses capacités selon ses professeurs. Mais la fierté que ressentaient les siens était toute relative, entachée à la fois par du ressentiment, de la tristesse et même de la peur envers ce gosse qui était si différent d’eux. Dans les campagnes on portait encore foi aux pires superstitions, si bien que des gens du village allaient jusqu’à répandre des rumeurs selon lesquelles la mère de Sith aurait fauté avec un esprit démoniaque et que le petit serait le fruit de ses amours impies. Ce qui jeta plus ou moins l’opprobre sur sa famille, non seulement dans le village mais aussi dans les alentours. Son père gagnait moins d’argent avec la production des champs ; après tout si la mère s’était alliée à de mauvais génies pour enfanter un être qui faisait figure de prodige, pourquoi le père ne commercerait-il pas aussi avec les démons pour s’assurer une bonne production agricole. On les montrait du doigt, on murmurait sur leur passage. Tout cela par la faute de Sith, enfin c’était ce que son père et le reste de la maisonnée lui faisaient continuellement ressentir, ne montrant petit à petit plus qu’indifférence ou rancœur à son égard, ce qui creusa encore le fossé entre lui et sa famille, déjà béant à cause de leur différence d’éducation et d’instruction qui grandissait de jour en jour.

L’exception à la règle était sa sœur. Comme le reste de sa famille, elle ne comprenait guère tous les sujets dont Sith aimait à parler, la littérature, les sciences, etc. Mais elle s’en moquait éperdument, demeurant attentive, prévenante et chaleureuse avec son petit frère, à la fois fière et inquiète pour lui, qui à l’aube de ses quatorze ans, allait quitter le Tibet pour aller étudier en Chine. Si loin d’eux, si loin d’elle et de son regard bienveillant. Sith lui-même n’était pas bien sûr de vouloir quitter tout ce qu’il connaissait et surtout cette sœur si pleine d’égards et d’amour pour elle, qui remplaçait en quelque sorte sa mère, pour qui il n’existait plus vraiment et vice versa. Oui, il doutait vouloir s’éloigner d’elle, craignant à la fois qu’elle lui manque trop comme de la remplacer si l’on peut dire, en rencontrant d’autres femmes. Bien que rien ne se soit jamais passé entre eux, ils s’aimaient sûrement plus que fraternellement, sans se l’avouer ou plutôt sans oser l’exprimer.

L’été précédant la rentrée scolaire et donc le moment de son départ pour la Chine, tout bascula. Sa famille faisait toujours les frais de la réputation stupide fondée sur des superstitions que Sith qualifiait d’archaïques. Jusque ici, il s’en moquait plus ou moins et rien de trop grave n’avait jamais découlé de cette situation. C’était juste stupide en somme. Comme l’attitude de ses parents d’ailleurs. Sa sœur travaillait à Lhassa comme couturière à mi-temps, pour aider la famille à rester financièrement à flot. Fréquenter la capitale, selon ses parents, pourrait aussi l’aider à se trouver un mari. Il méprisait ses parents pour avoir de telles pensées, ne les plaignait même plus de se retrouver presque mis de côté par les autres, les considérants aussi idiots et arriérés que ceux qui s’en prenaient régulièrement à eux. La jeune fille de seize ans avait un long chemin à faire tous les soirs à pied pour rentrer de la ville. Et un soir, elle ne fût pas à la maison à l’heure habituelle. Sith fit les cent pas des heures durant devant la maison, attendant avec nervosité le retour de sa sœur, incapable de toute manière de trouver le sommeil avant de la voir rentrer. Dans son esprit s’échafaudaient mille scénarios tous plus atroces les uns que les autres. Avait-elle été assassinée par des voyous ? Après tout c’était son jour de paye aujourd’hui et on payait toujours en liquide ici. Ce ne serait pas si étonnant qu’une bande lui soit tombée dessus pour lui voler son argent. Ou alors elle était tombée sur le chemin du retour. Le relief des environs est escarpé et les ravins ou les crevasses nombreuses. Même une personne habituée à la vie en montagne n’était pas à l’abri de chuter et de se rompre le cou sur les rochers. Tour à tour, le frère avait des visions de sa sœur se vidant de son sang et gémissant dans une ruelle sombre de la ville ou encore le crâne explosé après une chute de plusieurs mètres en contre bas de la montagne. Il s’attendait au pire, rongeait son frein en espérant toujours la voir débouler en haut du petit chemin qui serpentait jusque chez eux. Les minutes passaient aussi lentement que des heures semblait il. Sith se laissa même un instant envahir par un sentiment de jalousie qui lui perçait habituellement le cœur quand ses parents parlaient du mariage providentiel qu’elle pourrait faire. Si ça se trouve pensait-il, elle rit avec insouciance dans les bras d’un homme à cette heure ci, après s’être donnée à lui. Si d’aventure c’était cela, si jamais elle l’avait oublié et ne pensait pas qu’il puisse être mort d’inquiétude pour elle, il ne lui pardonnerait pas un tel affront et le lui ferait payer cher, longtemps encore après qu’elle soit enfin rentrée.

Quoi qu’il ait pu imaginer, rien ne le préparait à l’horreur de ce qui allait se passer. Son cœur se serra à la fois de soulagement et de colère quand il vit une silhouette en robe se découper dans la lueur naissante de l’aube. Une colère qui s’effondra à l’instant où la jeune femme parut devant lui, laissant place à un désespoir comme l’adolescent n’en avait jamais encore connu. Les vêtements de sa sœur avaient été déchirés, ressemblant aux haillons des parias les plus pauvres qui traînaient dans les rues. Même un moine bouddhiste aurait eut l’air mieux vêtu qu’elle malgré l’austérité de leur tenue, tant elle faisait peine à voir. Du sang maculait son visage, signe qu’on l’avait battue sauvagement. Sa lèvre et son œil droit étaient tuméfiés, sa belle et longue chevelure noire qu’il avait si souvent humée - au point de connaître par cœur le parfum épicé qui s’en dégageait – était complètement en désordre, collée par endroit au sang qui suintait de ses plaies. Pire encore, elle saignait d’entre les jambes, laissant en marchant quelques gouttes de liquide poisseux et pourpre tomber sur le sol poussiéreux. S’aurait été inutile qu’elle raconte ce qui s’était passé. Violée, l’évidence crevait les yeux. Et on ne parlait pas de ces choses là dans leur milieu. Sith se sentit vaciller quand il comprit ce qui était arrivé à sa sœur, quand elle se serra contre lui et pleura un long moment en silence. Ce fut la dernière fois qu’il se trouva proche d’elle. Par la suite, il s’éloigna peu à peu d’elle, devenant froid, ignorant la seule personne de qui il n’avait jamais été proche. Comme le reste de sa famille avec lui avant, puis à présent avec elle. Comme tout le monde en fait. Elle n’était plus vierge, pire encore elle s’était faite souiller, prise de force par on ne sait quel pauvre type traînant dans les rues. Un. Plusieurs. Peu importait, on ne lui posa jamais la question parce qu’elle n’était plus rien, puisque plus personne ne voudrait la prendre pour femme. Jamais. Le rejet de Sith à son égard n’avait pourtant rien à voir avec ce genre de raisons. Il avait seulement terriblement honte et se sentait coupable de ne pas avoir été là pour la protéger. Il aurait du l’attendre le soir après son travail, pour la raccompagner plutôt que d’étudier. S’il avait été là, rien ne serait arrivé. Alors renier leur relation et presque son existence lui permettait d’enterrer la honte et les remords qui le rongeaient, qui l’assaillaient à chaque fois qu’il posait le regard sur elle.

Une solution encore plus efficace à ce problème résidait dans ce qu’il hésitait encore à faire peu de temps avant ces évènements. Partir étudier en Chine. Plus de doutes, c’était maintenant un besoin vital de mettre le plus de distance entre lui et ce lieu, entre lui et sa famille. Ou alors il crèverait sous le poids de la culpabilité, étoufferait de ce mépris qu’il nourrissait encore plus ardemment qu’avant envers ses pairs et à présent envers lui-même également. C’était égoïste, lâche aussi en un sens, mais c’était le seul moyen pour lui de survivre, voir de vivre s’il en faisait assez pour espérer s’élever socialement. Jetant délibérément un voile sur son passé, Sith partit pour la Chine.

Au lycée, les années passèrent sans qu’il ne s’inquiète de savoir ce que devenait sa famille, absorbé par les études et l’atmosphère au combien plus prestigieuse qui régnait autour de lui. Il apprit l’anglais, le mandarin et le cantonais, un peu de français aussi. Se fit quelques relations parmi les gosses de riches qui fréquentaient l’établissement, assez pour qu’on appuie avec suffisamment d’influence sa candidature pour une bourse d’échange avec une université américaine, une fois son diplôme de fin de lycée obtenu avec les honneurs. Une fois de plus, il quitta la vie qu’il s’était forgée pour une autre. Direction New York, une des rares villes encore debout de ce monde qui sombrait petit à petit, crise après crise. Quelques capitales se maintenaient encore à flot, mais pour combien de temps encore ? A l’université, le jeune homme dénotait vraiment. Imaginez un expatrié asiatique qui n’avait pas encore dix huit ans et qui entrait en faculté. Autant dire qu’il ne fut pas des plus aimés, malgré son apparente popularité. C’est là qu’il apprit que l’intérêt était souverain et que toutes les iniquités pouvaient s’effacer au nom de ce qui était profitable. Les dernières traces de sa naïveté et de sa droiture de campagnard moururent dans les sphères du vivier de futurs personnages économiquement et socialement viables dont il faisait enfin partie. Le petit immigrant tibétain passa quatre années parmi les yankees, obtint son master de communication haut la main et entra au service d’une boîte spécialisée dans l’armement nucléaire, comme assistant du responsable des relations publiques.

Difficile de trouver meilleure place pour apprendre son métier, que pouvait-il y avoir de pire à défendre auprès du public qu’une entreprise qui fabriquait des armes nucléaires. Le jeune cadre se montra très efficace, mais l’avancement ne fut pas au rendez vous en quatre années de bons et loyaux services. Tant pis pour eux, ils perdraient un excellent élément et si ils ne s’en relevaient pas, ça ne serait que la cerise sur le gâteau. Sith, comme beaucoup d’autres personnes, avait entendu parlé de Gallisco, archipel artificiel et nouvel eldorado de l’humanité, enfin quand on avait les moyens d’être autre chose socialement qu’un rampant, que ce soit financièrement ou intellectuellement. Heureusement pour lui, il faisait partie de cette toute nouvelle intelligentsia, une caste un peu plus privilégiée que la moyenne. L’histoire n’est que cycles, continuelle répétition dit on. Pour le garçon, la théorie se vérifia une nouvelle fois.

Le voici débarquant sur le territoire de Gallisco, après avoir postulé au siège de la Messia en qualité de responsable des relations publiques. Sans état d’âme, il laissa derrière lui l’Amérique qui continuait le déclin amorcé des années plus tôt, attiré par le parfum de grandeur et la réputation quelque peu sulfureuse qui gravitait autour de cette entreprise ainsi que de sa dirigeante. Nul doute que l’entretien d’embauche sera des plus intéressants, voir carrément original, si l’on en croit tous les éloges faites au sujet de la jeune dame Valentine.

Dans la chambre du Cœur d’Argent qu’il loue en attendant de savoir s’il restera ou non, Sith a du mal à trouver le sommeil cette nuit, tout comme une autre nuit, des années lumières avant celle-ci lui semblerait-il certainement si jamais il y songeait à faire le parallèle… Il s’impatiente, désire ardemment que sa vie prenne un nouveau tournant qui lui semble plus excitant qu’aucun autre jusque là, sans qu’il puisse encore vraiment s’expliquer pourquoi.

[Question subsidiaire] :

J'le veux ! J'le veux ! J'le prends ! Acceptez-le, très chère admin de nous, s'il vous plait ! Il m'plaît beaucoup c'petit ! J'peux l'adopter ? Hein ? Dit ! Dit !

Admin Nombre de messages : 281 Age : 35 Date d'inscription : 30/06/2007

Bienvenue!!

Pour résumer: j'adore, décidément je suis fière des joueurs d'ici!

Pour le conseiller de Haven, c'est sans aucun problême, tu as largement fait tes preuves (petite madames, voilà un nouveau bonhomme à vous mettre sous la dent^^)

Tu es bien entendu validé, et si tu as un problème, une suggestion, n'hésite surtout pas à nous en faire part!

flower

Invité

Merci pour l'accueil et le reste ! Sur le coup, je ne sais plus trop bien quoi dire à part merci... c'est sûrement mieux d'ailleurs tongue

Dame Haven, ma parole vous avez le plaidoyer véhément et efficace ! Embarassed

Merci encore ^^

Je doute que mon plaidoyer ait été d'une quelque efficacité face au bon vouloir de notre administratrice. Votre fiche de présentation a admirablement rempli les critères, j'en suis certaine. Parce que sinon, je ne vous aurai pas de la sorte réclamé.

Pour ce qui est de votre entretien d'embauche à mon service, si vous désirez faire cela en role play, je m'entretiendrai avec vous dès que j'en aurai fini avec un certain Mr Kaboum.

Et s'il y a une quelconque question qui vous passe par la tête, je suis disponible pour y répondre ^^

Invité

Je voulais seulement dire que le plaidoyer avait été efficace sur ma personne ^^

Bref je vais cesser de flooder ma propre fiche et mettre mes méninges à l'oeuvre pour la suite. Je note pour les questions, merci encore ^^