Au tribunal

(Suite de: https://pandore.1fr1.net/Organa-l-ile-du-Centre-coeur-de-Gallisco-c3/La-Satuana-f12/Hopital-f27/Vaccinations-SCENARIO-1-t59.htm)

Le palais de Justice de Gallisco… C’était un des bâtiments les plus laids de cette ville, un immense bloc de verres noirs dominant de sa masse le reste des bâtiments du quartier. Il était de conception récente et était dédié aux victimes de la conspiration du groupe Pandore. Une superbe plaque commémorative d’or était d’ailleurs fixée à l’entrée de la bâtisse, rappelant à tous que le gouvernement avait vaincu au final. Propagande que cela, l’âme faisait bien son travail. Mais dans les milieux dans lesquels j’évoluais, il se murmurait que Pandore n’était pas tout à fait morte. D’ailleurs pas mal de gens s’entre déchiraient pour découvrir le secret de cette mystérieuse boite. Personnellement je m’en foutais tant que je pouvais accomplir mon travail.

On écrase sa clope a l’entrée et me voici dans le hall d’accueil. Juristes, parties civiles, criminels, flics, journalistes ou tout simplement curieux à la recherche de l’affaire qui les sortira de leur gris quotidien s’entrecroisent ici se dirigeant vers le labyrinthe de couloirs menant aux différents secteurs. Je sens des regards sur moi, toujours les mêmes sur la curiosité que je suis dans ce monde raffiné. Un barbare chez les romains tel serait un comparatif adéquat à ce que je ressens ici parmi toutes ses robes noires.

Je m’engage dans les couloirs couverts d’une épaisse moquette rouge grimpant dans l’ascenseur qui me mènera au niveau des bureaux des affaires familiales chez la juge Doris Carstein. C’est elle qui aujourd’hui prendra une décision quand à l’avenir de Laura. Et bien sur ma malédiction de voyance ne fonctionne pas quand j’en ai besoin et je ne sais ce qui m’attend cet après midi. Je frappe à la porte et attend l’injonction « entrer » avant de l’ouvrir.

La salle d'audience est vaste et tout le monde semble là, assis. Irina et son homme, pas d’avocats, ils se suffisent à eux-mêmes, me lançant des regards noirs à mon entrée. Mon avocat est là, maître Stanic. Il n’est pas très bon, ce petit homme aux verres épais mais c’est le seul qui est accepté de me représenter et dans le fond c’est un mec bien. Puis derrière son bureau rangé comme, la reine mère, la cinquantaine, célibataire…Une femme qui sait mener son monde à la baguette et qui est inflexible dans ses décisions. Iron woman, comme mon esprit dérangé la surnomme. Je prends donc place dans le fauteuil de style inconfortable qui m’attend et notre dame de fer commence son discours.

Bonjour à tous, nous voici presque tout présent. Il ne manque plus que maître Charlie Waltz, représentant l’assistance publique et nous pourrons commencer.

L’assistance publique ? Qu’est ce que l’assistance publique vient faire là dedans. Un coup d’œil rapide vers Irina me montre qu’elle est aussi surprise que moi de cette intervention gouvernementale. Et ils n’ont pas pris du menu fretin pour les représenter, la damoiselle Charlie est une des avocats les plus réputés de la ville. Etrange….

La juge doit sentir nos réflexions et se permet d’ajouter :

Oui, c’est en rapport avec l’incident de l’Odéon. Vous nous avez montré à quels points votre divorce était un danger pour la petite et donc l’assistance sociale va réclamer une mesure de placement. Mais c’est à moi de juger au final quelle situation est la meilleure..

Mon cerveau tourne à cent à l’heure. Pourquoi l’assistance appelle une avocate réputée sur ce coup ? Ca correspond pas au schéma habituel. Cette affaire pue d’une certaine façon. A moins que quelqu’un tente de me déstabiliser via ma gamine. Il faut que je mette Calli au courant, avec ses contacts dans les hautes sphères, elle pourra sans doute en savoir plus. Je suis sur que de son coté l’esprit d’Irina a les mêmes réflexions.

Ca frappe alors à ce moment….

(

café à la bourse de gallisco)

Charlie Waltz était le genre de femme ponctuelle… Tellement ponctuelle qu’elle n’était ni en avance, ni en retard. Les portes de la salle remplie s’ouvrirent sur la petite silhouette à très exactement 09h00min00sec…A moins que sa montre soit cassée, ce dont elle doutait fortement puisque a chaque changement d’heure, que ce soit en hiver ou en été elle restait éveillée jusqu’à minuit pour avancer ou reculer la petite molette en haut de la montre digitale.

Vêtue de sa robe d’avocat noire en microfibres et aux 13 boutons biens en place, de l’épitoge d’un blanc immaculé et de gants aussi blancs que le vêtement précédemment cité. Les lois avaient toutes été en partie réécrites lors de la création d’un gouvernement mondiale, pourtant l’article 3 de la loi du 31 décembre 1971 (dans lequel est précisé pour les avocats "revêtent, dans l'exercice de leurs fonctions judiciaires, le costume de leur profession".) Une légère touche de maquillage à peine visible, lui donnant un air frais, ses cheveux tombants d’une manière unie sur ses épaules, comme si la moindre des mèches avait été assignée d’une tâche : celle d’être parfaitement parallèle à sa voisine de droite. Et parmi tous ces cheveux alignés comme des soldats au garde à vous, restait l’éternelle mèche rebelle qui ne voulait pas se plier aux exigences de sa maîtresse.

Tout en avançant vers la place qui était sienne pour ce procès, d’un pas à la fois léger et strict, les yeux bleus aux reflets plus violets que jamais, de la jeune femme s’attardèrent sur le banc des jurés : Le jury est constitué par tirage au sort de neuf jurés (12 en appel) parmi les quarante jurés convoqués pour la session. Cette fois ci le jury était très hétéroclite, des jeunes, des vieux, sages ou moins posés… ça promettait : lorsque les jurés étaient tous de la même ‘catégorie’ il était plus facile de les amadoués, mais passons…

L’avocate regarda rapidement la juge puis ses yeux allèrent de Wesley Martigan à Irina Archenko, ils étaient diamétralement opposés : comment avaient ils pu être mariés ? A moins que la loi des opposés qui s’attirent ne se soit effectué sur ces deux là… Enfin c’est ce que la juge devait penser sans les informations complémentaires que mademoiselle Waltz, elle, connaissait. Une fois installée ce fut au tour de l’auxiliaire de justice, dans sa greffe, de se mettre en mouvement. Le greffier (en rôle d’assurer une assistance renforcée du magistrat aux audiences et d’authentifier les actes juridictionnels d’une juridiction.) se leva et pris parole, d’abord la lecture de l'ordonnance de mise en accusation puis auditions : l'accusé, puis les témoins et les experts, puis la victime, son avocat, l'avocat général et enfin l'accusé et son avocat. Enfin avec un avocat en moins puisque Archenko voulait assurer sa défense elle-même.

Non loin de la porte lorsque le juge avait annoncé qu’elle serait présente à l’audience, elle avait pu voir avec un léger sourire la surprise des deux divorcés. Dommage que le procès ne soit pas publique, on avait soigneusement formulé la demande de ne pas publicité cette affaire. Donc évidemment seul les proches de Martigan, Archenko et des jurés étaient au courant. La juge d’âge mur et dotée d’un air rigide et sec pris parole à son tour.

_Monsieur Martigan est appelé à la barre.

Une fois le policier installé ce fut au tour de Charlie de se lever, peut être la curiosité de la juge et des autres membres présents sur la présence d’une représentante de la fonction publique avait fait choisir à cette femme, du haut de son perchoir, la possibilité de faire passer la jeune membre de l’âme de gallisco (bien que ça ne se sache pas…). Une fois debout, la représentante ‘officielle’ de l’assistance publique se dirigea vers la barre pour se trouver face à celui qu’elle devait interroger, le rabaisser, il fallait le plomber a tel point qu’il fasse une gaffe, ça ne plairait pas aux jurés. Ensuite se serait au tour de son ex femme. Et ce n’était pas sans une pointe de sadisme que la jeune femme se pliait aux consignes qui lui avaient été données : il fallait tout faire pour récupérer la gamine, elle était même autorisée à exercer son don, chose pourtant interdite lors d’un jugement. Charlie gratifia l’homme (beaucoup plus grand qu’elle) d’un sourire aimable et professionnel.

« Monsieur Wesley Martigan, 27 ans. Monsieur, rappelons que vous avez prêté serment avant de vous interroger. »

Pose… Ces quelques mots étaient souvent nécessaires aux gens pour que les choses soient bien claires, surtout quand la phrase était appuyée par un regard inquisiteur et se sourire déstabilisant. Aussi des mots pleins de sous entendus, comme s’il était évident que l’interrogé n’était pas clean, qu’il allait forcement mentir (chose dont était persuadée mademoiselle Waltz, puisqu’au cours de ses nombreux procés dont elle était sortie victorieuse, ils avaient tous essayé de mentir au moins une fois. S’était dans la nature de l’homme, le mensonge, pour sa survie, pour son estime personnelle…Pour sa fierté. ) Pourtant la dernière fois qu’elle avait prononcé ces mots l’homme s’était énervé et suite à ça elle s’était baladé pendant une semaine avec une compresse sur la joue.

« Bien…Monsieur Martigan je vous demanderai de répondre à ces questions par oui ou non, répondez sans tergiverser. Bien je vois que vous avez compris : avez-vous des tendances poussées pour l’alcool ? »

Question revenant souvent, l’alcool et la drogue étaient les principaux alliés lorsqu’il fallait plomber quelqu’un… Lorsqu’il fallait le soutenir il suffisait de dire qu’il a eu des circonstances atténuantes avec une enfance difficile et que l’alcool est la seule possibilité qu’il trouva, il est donc malade et il faut le soigner pas l’enfermer dans une prison…Mais ça ne marchait qu’avec de bonnes preuves a l’appui derrière, tel qu’un père alcoolique lui aussi, ou une mère qui le battait, des parents morts etc.… Charlie plongea son regard dans les yeux bleus de Martigan, attendant la réponse du flic.

La grande Charlie Waltz faisait donc son entrée dans la salle. Alors c’était donc elle la nouvelle terreur du barreau de Galisco. Un petit bout de fille, mignonne, aux longs cheveux noirs parfaitement coiffé, si ce n’était cette mèche rebelle et des yeux bleus presque violets perçants qui reflétaient chez elle la volonté de son esprit conquérant. Et d’elle émanait une aura si…captivante. Le genre de femme qui devait toujours voir chaque procès comme un combat qu’elle se devait de gagneret qui ne connaissait pas le sens du mot défaite.

Je la regardais donc comme toute la salle, me posant des questions sur sa présence ici. Que l’assistance publique envoie quelqu’un d’accord, mais pourquoi envoyer une avocate aux honoraires indécents gérer ce qui n’était au final qu’une bataille classique de divorcés ? Cette affaire avait des relents bizarres décidemment.

La Juge se lève pour commencer la longue procédure du démarrage d’un procès, la lecture des actes, la désignation des acteurs du spectacle judiciaire. Un regard vers Irina, elle est aussi troublée que moi, je le sens. Enfin j’entends qu’on m’appele à la barre.

Monsieur Martigan est appelé à la barre

Je me lève pour me diriger vers la barre d’un pas lent et calculé, observant les uns et les autres. Les jurés me regardent aussi comme une bête curieuse, un animal de cirque qu’on mènerait sur la piste. Je m’arrête alors, levant la main droite, jurant de dire la vérité, toute la vérité, déclamant ce serment que j’ai déjà tant posé. C’est au tour de Maître Waltz t’entamer les hostilités.

Monsieur Wesley Martigan, 27 ans. Monsieur, rappelons que vous avez prêté serment avant de vous interroger.

Et bien….Quel début en fanfare, cette peste annonce la couleur, elle est là pour me couler et pas pour autre chose, sa phrase veut tout dire. Quoi que j’affirme, elle se permet d’insinuer que je vais mentir. Elle joue bien, laissant le silence s’installer, le temps pour la salle de bien assimiler l’accusation assassine. Je me calme, ça ne sert à rien de s’énerver à présent si ce n’est à montrer mon manque de self control.

Bien…Monsieur Martigan je vous demanderai de répondre à ces questions par oui ou non, répondez sans tergiverser. Bien je vois que vous avez compris : avez-vous des tendances poussées pour l’alcool ?

Ah je l’attendais celle là. Mon problème d’alcool ressurgit, Caly m’a toujours dit que cela me nuirait un jour. Et c’est un secret que j’aurai du mal à réfuter, presque tous ceux qui me connaissent le savent. De toute façon, dans cette ville, flic est un synonyme d’alcoolique. C’est l’héritage de Pandore pour notre profession. Mais hors de question que je la laisse utiliser cet argument sans me défendre.

Franchement ? Oui je l’avoue, c’est pour cela que je suis depuis peu des réunions aux alcooliques anonymes, je me soigne pour ma fille…

C’est une semi vérité que j’annonce là. Oui j’ai la carte, oui j’assiste parfois à certaines réunions mais c’est plus pour garder ma plaque que par réelle conviction. Néanmoins je suis sur au fond de moi-même que si ma fille m’était confiée en garde partagée, j’arrêterais toutes ses conneries. J’attends donc de me prendre le second coup de la part de cette diablesse en talon….

[désolée du retard]

La réponse de Martigan tira un léger sourire ironique à la jeune femme. Elle fit claquer sa langue en prenant la pose d’une maîtresse n’attendant pas cette réponse de la part de son élève. Elle secoua doucement la tête en signe de négation déçue. Elle leva alors un long…très long index et très fin, un doigt tel une longue tige flexible, et tapota son bras opposé, accentuant chaque mot et l’accompagnant d’un geste strict de la part de son index.

« Par oui ou non Monsieur… Oui ou non, rien de plus… »

Elle eu un sourire satisfait, lui faisant bien comprendre qu’elle voulait le faire passer pour un débile profond ne comprenant même pas une règle aussi simple. Elle tourna brusquement les talons. Les faisant claquer au rythme de ses pas, jetant un coup d’œil à la juge qui elle même la suivait de ses yeux masqués de crayon, du haut de son perchoir. Elle observa ensuite les jurés : trois d’entre eux avaient l’air de dormir, deux observaient avec insistance sa poitrine, un était pendu à ses lèvres, deux observaient d’un air de dégoût Wesley, une reluquait quant à elle Irina et le reste prenait de temps à autres des notes sur des petits calepins et écoutaient attentivement les propos de chaque partie.

En réalité la question de l’alcoolisme ne s’était pas posée par rapport au fait qu’il soit flic. Même dans une autre profession elle serrait tôt ou tard tombée sur le tapis, tout bonnement car plus de la moitié de la population de Gallisco consommait de l’alcool régulièrement. Et elle avait lu le dossier de Wesley, son emploi du temps des dernières semaines, bien qu’il présentât quelques flous, était connu de la jeune femme qui avait passé une nuit blanche à apprendre tout ce qui le concernait par cœur… aujourd’hui elle pouvait sûrement affirmer qu’elle connaissait mieux ce gardien de l’ordre que son ex-femme.
Elle sauta sur l’occasion lorsqu’il parla des alcooliques anonymes, elle tourna de nouveau les talons et repris son chemin pour aller se planter devant lui.

« Mais toutefois c’est une bonne idée de parler de vos ‘soins’…Allez-vous à toutes les réunions des alcooliques anonymes ? »

Attendant une réponse positive qu’elle s’empressera à nouveau de réfuter elle se tourna vers le reste des personnes présentes, notamment vers un petit homme myope. Elle le gratifia lui aussi d’un immense sourire. Cet homme ne lui était pas inconnu, en fait elle l’avait déjà rencontré aux tout débuts de sa carrière. Maître Stanic avait été un rival, un rival facilement vaincu. A ce demander comment il avait fait pour décrocher son diplôme…Et même comment il avait fait pour passer son concours d’entrée dans une fac de droit…

Mais vu sa position, il n’était pas étonnant que Wesley n’ai trouvé qu’une personne de l’envergure de Stanic. L’homme cligna des yeux et blanchi légèrement en apercevant le sourire de la jeune avocate. Elle lui fit un clin d’œil comme pour lui dire ‘bonne chance’ puis elle se tourna, heureuse, vers son ‘affaire’ observant attentivement les yeux de l’interroger.

Par oui ou non Monsieur… Oui ou non, rien de plus…

Bah tient, comme si on pouvait expliquer la complexité de ma situation par un simple mot comme oui ou non. Et le ton employé par la jeune femme face à moi semble montrer à tous que je suis un débile congénital incapable de comprendre ce qu’on me demande. Décidemment il y a quelque chose de pourri dans notre justice Galiscéenne.

Silence, elle sait y faire la petite, alors que la salle retient son souffle pour l’estocade finale. On m’avait déjà parlé d’elle, de sa hargne et de son charisme, j’en avais la preuve vivante. Même Irina n’avait pas le niveau pour lutter contre cette inquisitrice des temps modernes qu’était Charlie Waltz. Frisson qui me gagne et qui me parcourt à l’idée de ma fille retirée à ses parents….Non il faut que je me batte…

Mais toutefois c’est une bonne idée de parler de vos ‘soins’…Allez-vous à toutes les réunions des alcooliques anonymes ?

Décidemment cette fille est bien renseignée… Trop peut être… Mais quel intérêt pourrait avoir une gosse pour ceux qu’elle représente, une fillette qui n’a même pas fini sa première décennie Mon avocat se lève hurlant à cette question :

Objection votre honneur, les réunions des alcooliques anonymes sont couvertes par le secret et mon client n’est pas obligé de répondre à telle question.

La juge réfléchit un instant, alors qu’un tumulte retentit dans la salle…Puis sa voix dure retentit :

Objection rejetée Maître Stanic. Votre client ayant lui-même soulevé la question des alcooliques anonymes, qu’il réponde donc à la question de Maître Waltz.

Bien tenté Stanic, mais on dirait bien que les carottes sont cuites. Je vois l’avocat adverse se pavaner, montrer au jury sa supériorité innée sur mon malheureux avocat. On se croirait revenu dans la Rome antique dans le Colisée, gladiateurs des temps modernes. Sauf qu’aujourd’hui, les mots ont remplacé les lames. A nouveau cette sueur froide qui m’envahit… Qui représentes tu vraiment Charlie Waltz ?

Et bien non, maître, je ne vais pas à toutes les réunions, ceci étant du à mon métier. Inutile de vous décrire les horaires d’un lieutenant de police, vous comprendrez aisément que ma profession m’empêche de pouvoir être présent à chaque fois…

J’ai préféré répondre honnêtement, le mensonge ne servirait à rien face à elle, tandis que mes yeux la fixent. Je sens que le jury va la suivre , de bons parents qui ne supportent pas l'idée qu'un alcoolique s'occuppe d'un enfant, oubliant leurs propres vices.… Bravo petite, tu gagnes le premier round… Vas y achève moi, j’attends patiemment.

Le visage de Charlie était à présent illuminé d’un sourire ravi. Non seulement l’avocat adverse tentait désespérément de sauver son client des mots empoisonnés de la jeune femme, mais en plus il se ridiculisait lui et ce flic… Elle n’en avait pas espérer autant, de plus elle n’avait même pas besoin d’amener les problèmes de ce monsieur à son nez : il le faisait tout seul…

« Je connais parfaitement les horaires d’un lieutenant de police… Et je comprends aisément comme vous le dites si bien, que vous ne pouvez assister à ces réunions à chaque fois… Ainsi que vos obligations professionnelles vous oblige aussi à rester tard le soir, ou a d’autres horaires qu’une fillette de 7 ans, aillant besoin d’un encadrement parental, ne peut suivre… Imaginez un soir où vous êtes dans l’obligation d’effectuer une descente…Qui irait chercher la petite…Laura…à la sortie de l’école ? »

Un nouveau silence pendant que les yeux déterminés de maître Waltz plongent dans ceux de Martigan. Il se posait des questions sur la présence de la jeune femme à ce procès, rien de plus normal… Il n’était pas aussi idiot que Charlie ne le laissait croire aux jurés. Elle repris la parole pour l’achever.

« Ainsi, vu votre tendance à l’alcoolisme et possédant des horaires de travail ne permettant pas d’élever seul un enfant correctement… Je pense que la garde de mademoiselle Laura Martigan par Monsieur Martigan ne soit à l’ordre du jour…Ce serra tout. »

De vifs hochements de tête accompagnent l’annonce. Pendant que Wesley est invité à rejoindre sa place pour laisser son ex-femme s’installer. Doris Carstein pris alors de nouveaux la parole.

-Madame Irina Archenko est appelée à la barre

Irina se lève, plutôt belle, même très belle, c’est une sorte de beauté froide qu’elle dégage. Possédant un diplôme d’avocat elle avait demandé à assurer sa défense elle-même. Elle s’assit, sur d’elle…Madame Archenko et l’homme qui l’accompagnait avaient plus de chance de rendre le procès plus ‘actif’ que Wesley et Stanic. De toute façon tout était perdu pour Wesley dès les premiers mots de Charlie : les apparences étaient contre lui et il n’était pas très apprécié depuis quelques affaires malheureuses dans lesquelles il avait trempé…

Irina attendait patiemment que Maître Waltz entame les hostilités. Charlie jeta un coup d’œil vers les jurés, tout de suite ils avaient l’air un peu plus intéressés, comme si il pouvait y avoir un quelconque rebondissement. Chose impossible, Charlie s’était forgé une réputation de gagnante suite aux nombreux procès dit perdus d’avance qu’elle avait sauvé de justesse malgré son inexpérience dans le monde de la justice. Depuis on avait fait de plus en plus appelle à elle, et son compte en banque gonflait de plus en plus. Chose qui n’était pas passée inaperçue chez les ‘hauts’ de la société. La main avait donc rapidement pris contact avec elle et avait appris à lui faire confiance suite à quelques conseils bien avisés. Archenko n’avait évidemment aucune chance contre la jeune avocate. Elle épargna le coup du ‘serment’ à son adversaire et pris parole.

« Madame Archenko, rappelons que vous aviez la garde de Laura Martigan le temps que ce procès arrive…d’après mes dossiers… (Charlie fit mine de consulter la fiche qu’elle connaissait déjà parfaitement) Il semblerai que vous ne soyez que peu présente au près de votre fille : Deux nourrisses ont été engagées le mois dernier et mademoiselle Laura Martigan suis depuis peu ses études dans une école privée dans laquelle vous l’avez inscrite à la garderie… »

Charlie n’attendait pas vraiment de réponse, plus une réaction de la part de cette femme froide.

[Tu fait Irina ou je m'en occupe?]

Je connais parfaitement les horaires d’un lieutenant de police… Et je comprends aisément comme vous le dites si bien, que vous ne pouvez assister à ces réunions à chaque fois… Ainsi que vos obligations professionnelles vous oblige aussi à rester tard le soir, ou a d’autres horaires qu’une fillette de 7 ans, aillant besoin d’un encadrement parental, ne peut suivre… Imaginez un soir où vous êtes dans l’obligation d’effectuer une descente…Qui irait chercher la petite…Laura…à la sortie de l’école ?

Sale peste d’avocat…. Que répondre à ça ? Une voisine, un ami ? Elle me dirait que cela serait inconscient de faire cela, que la petite a besoin d’un certain équilibre dans son entourage et que savoir qui va la chercher à l’école. Je ne serais pas aussi fâché que je tirerais mon chapeau à cette femme, requin des prétoires. Un grand avenir devant elle si un de ses adversaires ne décide pas de la faire un jour liquider de manière définitive cette femme.

Ainsi, vu votre tendance à l’alcoolisme et possédant des horaires de travail ne permettant pas d’élever seul un enfant correctement… Je pense que la garde de mademoiselle Laura Martigan par Monsieur Martigan ne soit à l’ordre du jour…Ce sera tout.

Bon bah, aléa jacta est, je m’éloigne de la tribune, rejoignant mon siège à coté de mon avocat qui baisse le regard. Pas besoin de ça pour me douter que c’est mal barré pour moi, les regards du jury et du public ne mentent pas à ce sujet.

Madame Irina Archenko est appelée à la barre

Ah voici le tour de mon ex… Démarche élégante, sexy même, les éléments masculins et même quelques femmes sont captivés, hypnotisés par le charme vénéneux de cette femme. Mais pas Maitre Waltz… Elle, elle reste égale à elle-même observant son adversaire, l’étudiant sous toutes les coutures… Il me semble distingué l’ombre d’un sourire au coin de ses lèvres, comme si la perspective de ce combat l’excitait. Finalement, on croit que la société a évolué, mais rien n’a changé de fait depuis la Rome antique, les tribunaux ont remplacés les arènes et les avocats les gladiateurs. C'est au tour de Charlie qui commence les hostilités :

Madame Archenko, rappelons que vous aviez la garde de Laura Martigan le temps que ce procès arrive…d’après mes dossiers… Il semblerai que vous ne soyez que peu présente au près de votre fille : Deux nourrices ont été engagées le mois dernier et mademoiselle Laura Martigan suis depuis peu ses études dans une école privée dans laquelle vous l’avez inscrite à la garderie…

Et Irina qui se fend d’un sourire charmeur, ses yeux glacés parcourant alors la salle, observant un savant moment de silence, comme pour faire durer le suspens avant de s’exprimer de son accent russe tellement exotique. Bien sur ça n’est que façade, j’ai suffisamment vécu avec pour savoir qu’elle est parfaitement capable de s’exprimer sans accent.

Effectivement, j’exerce une profession qui comme vous le savez demande une certaine présence. Mais contrairement à mon ex epoux, j’ai pris des dispositions pour assurer à mon enfant tout le confort nécessaire. Mes nourrices sont toutes diplômées d’instituts sérieux et ont au moins cinq années d’expérience dans leur profession, Quand à Saint patrick, l’école où est ma fille, elle a un excellent niveau comme pourrait vous le dire Madame le juge, dont les neveux sont scolarisés là-bas. Comme vous le voyez, tout est fait pour que cette enfant est le meilleur des avenirs.

La voici pavoisant, se tournant à nouveau vers le jury pour les prendre à témoins avant de revenir vers Charlie., comme pour la narguer…

(Voili voila, je vais faire Irina pour le procès ça sera plus drôle.)

*Un accent russe ? Les fiches ne disaient pas ça…*

Un imperceptible haussement de sourcil mouvemente le front de la jeune femme. Pourtant cet accent va si bien à cette femme froide…Il lui colle à la peau, elle était né pour le porté, bien qu’elle eu appris à s’en débarrassé lorsqu’elle le souhaitait…

-Effectivement, j’exerce une profession qui comme vous le savez demande une certaine présence. Mais contrairement à mon ex époux, j’ai pris des dispositions pour assurer à mon enfant tout le confort nécessaire. Mes nourrices sont toutes diplômées d’instituts sérieux et ont au moins cinq années d’expérience dans leur profession, Quand à Saint Patrick, l’école où est ma fille, elle a un excellent niveau comme pourrait vous le dire Madame le juge, dont les neveux sont scolarisés là-bas. Comme vous le voyez, tout est fait pour que cette enfant ait le meilleur des avenirs.

Ce procès devient un peu intéressant… Charlie jeta un coup d’œil à la juge qui approuvait d’un léger signe de tête l’affirmation de la qualité de Saint Patrick. Et bien que son avis dû être impartial, elle avait l’air d’apprécier Irina…
Et voilà maintenant que cette dernière se pavanait tel un paon faisant sa roue, tout comme l’avait fait maître Waltz quelques instants plus tôt. Un regard aux jurés… Eux aussi semblent être tombés sous les charmes de madame Archenko, tandis que son compagnon souri d’un air satisfait. L’avocate semble même déceler une touche d’admiration dans le regard de l’ex mari.

Charlie fit de nouveau mine de consulter sa fiche, son sourire sur ne se décrochant pas de ses lèvres brillantes sous le mince éclairage de la salle dont les épais rideaux empêchaient la lumière du soleil de pénétrer. Souci de confidentialité disait on… Comme si on allait placer des snipers sur l’immeuble en face pour un si petit procès.
La demoiselle releva la tête de ses fiches pour fixer la jeune femme qui lui tenait tête. Elle était décidément plus amusante que Stanic.

« Je ne doute aucunement que Saint Patrick soit une excellente école… »

Silence.

*Une école de bourges…*

« Et que les nourrices soient diplômées et expérimentées. Cependant une enfant à besoin de la présence de sa mère et non de deux mères de substitutions. Et toutes les mamans présentes dans cette salle seront d’accords… »

Comme pour appuyer ses propos elle observa avec insistance les jurés qui hochaient vivement la tête. Fils et filles de divorcés, mères… Evidemment que ces propos les touchaient. Charlie revint à madame Archenko la beauté glacée… Comme la surnommait à présent mademoiselle Waltz.

« Bien passons à présent à votre couple… Selon les témoignages recueillis chez vos voisins, votre vie en ménage ne serrait pas des plus exemplaires… J’ai ici les copies des fiches recueillies, et madame la juge en possède les originaux. »

Charlie s’éclairci la gorge et pris sa lecture d’une voix claire et assurée, comme si elle passait son oral au baccalauréat.

« ‘Nous entendons des disputes provenant de chez Archenko de temps à autre.’ ‘Madame Archenko a déjà divorcé et semble ne pas avoir une bonne influence sur son second compagnon…’ Je ne citerai pas toutes les dépositions mais il semblerait que vous ne soyez pas faite pour la vie en ménage. Un enfant à besoin de stabilité. En rentrant le week end, d’avoir une mère qui s’occupe de lui et non d’une mère se disputant avec son compagnon... »

De nouveaux un silence…Seul les grattements des stylos sur du papier résonne dans la salle, en plus de quelques rumeurs venant des jurés. Irina et son amant s’observent. Charlie semble satisfaite. Elle se tourne vers la juge.

« Ce serra tout. Je laisse la parole à la défense… »

Puis en se tournant pour rejoindre sa place attitrée elle ajouta plus bas mais assez fort pour être entendue de ses plus proches voisins.

« Si la défense à encore quelque chose de valable à dire… »

Ohh on dirait qu’Irina a réussi son effet….Elle est là sure de sa victoire… Comme elle a toujours su le faire, grande, majestueuse. Un clin d’œil à l’un, un sourire à l’autre, le jury lui mange presque dans les mains. N’importe quel avocat aurait décrété la partie perdue face à elle.

Mais voila Charlie Waltz n’était pas n’importe quel avocat, c’était une étoile montante du barreau et à nouveau c’était à elle. Et elle n’avait pas l’air de s’avouer vaincu, non au contraire alors qu’à son tour elle s’apprêtait à attaquer…

Je ne doute aucunement que Saint Patrick soit une excellente école…

Le ton voulait tout dire…Regardez mesdames et messieurs les jurés cette femme qui est d’un monde supérieur et qui se permet de mettre sa fille dans une école privé pour ne pas la mélanger à la plèbe que vous représentez messieurs dames les jurés…

Et que les nourrices soient diplômées et expérimentées. Cependant une enfant à besoin de la présence de sa mère et non de deux mères de substitutions. Et toutes les mamans présentes dans cette salle seront d’accords…

Signe d’assentiments….L’émotionnel paye toujours et Charlie le sait et en joue…. Elle aurait pu être actrice cette jeune femme. Mais avocat doit mieux payer..

Bien passons à présent à votre couple… Selon les témoignages recueillis chez vos voisins, votre vie en ménage ne serrait pas des plus exemplaires… J’ai ici les copies des fiches recueillies, et madame la juge en possède les originaux.

Petite pause alors qu’Irina se force à garder contenance. Charlie joue des cartes sensibles là et fait mal… Elle reprend d’ailleurs…

Nous entendons des disputes provenant de chez Archenko de temps à autre.’ ‘Madame Archenko a déjà divorcé et semble ne pas avoir une bonne influence sur son second compagnon…’ Je ne citerai pas toutes les dépositions mais il semblerait que vous ne soyez pas faite pour la vie en ménage. Un enfant à besoin de stabilité. En rentrant le week end, d’avoir une mère qui s’occupe de lui et non d’une mère se disputant avec son compagnon...

Fort bien joué… Les regards ne trompent plus le jury est en train de basculer vers la partie civile…Irina doit bouillonner de se faire dominer ainsi…

Ce serra tout. Je laisse la parole à la défense…

Signe de dénégation de la part d’Irina, qui ne sait que rétorquer. Elle ne s'attendait pas à ça... Le juge se lève donc laissant le jury aller libérer… C’est long, ça doit débattre en long et en large à l’intérieur la pièce consacrée aux délibérations… Je ne me fais guère d’illusion pour moi et ça me fait mal… Je perds ma fille à nouveau….Tient la porte s’ouvre, le jury entre à nouveau dans la salle…..

Nous nous levons tous et j’entends madame la juge :

Mesdames et Messieurs les jurés, avez-vous pris votre verdict ?

Un homme, la quarantaine grisonnante prend alors la parole :

Oui madame la juge….Nous décrétons que la petite Laura Martigan doit être confié à l’assistance publique, le temps qu’une enquête sociale sur ses deux parents…

Bravo Charlie, partie gagnée….Je me lève, j’ai mal, besoin de boire et de réfléchir…Et en sortant je fixe Maître Waltz…Pourquoi ? Pourquoi donc toi…. Ca ne collait pas, les avocats pris par l’administration étaient en général des avocats à bas prix… Et alors que je sortais, je me rendis compte qu’Irina devait se poser les mêmes questions.

Bref me voici seul sortant du tribunal le cœur lourd…Une cigarette, les prochains jours vont être pénibles je le sens…

_Oui madame la juge….Nous décrétons que la petite Laura Martigan doit être confié à l’assistance publique, le temps qu’une enquête sociale sur ses deux parents…

Une enquête ? Il n’y en aura pas… Laura Martigan n’avait encore qu’une infime chance de retourner à ses parents…

Charlie se leva à son tour. Son sourire avait disparu, comme si elle avait enlevé les deux crochets qui maintenaient constamment le coin de ses lèvres au plus près de ses oreilles. Aucune pose fière ou victorieuse. Seulement un visage qui venait de prendre dix ans d’un coup, un visage las, fatigué. Une sorte de goût amer s’était répandu dans sa bouche. Le goût amer d’une nouvelle victoire facile. Qu’allaient ils faire à la fillette ? Lorsqu’on lui avait refilé l’affaire, les yeux des scientifiques présents à ce moment là s’étaient mis à briller, comme s’ils jubilaient d’avance. On n’avait pas daigné lui donner plus de renseignements que nécessaire, elle avait fini par hausser les épaules et s’était emparé du dossier avant de sortir du bâtiment à petits pas rapides.

Maintenant elle se dirigeait d’un air pensif vers la sortie, ses pensées allaient vers Alekseï et Alexander Waltz. L’un à l’Apocaliptic Blow, l’autre sûrement en train de juger un procès. Elle sentit alors le regard du flic. Quoi de plus normal ? Elle venait de lui retirer sa fille, sûrement l’un des rares rayons de soleil illuminants sa pauvre vie de policier… Il disparu alors de son champ de vision. Elle-même sortie, retournant à la ‘lumière du soleil’. Ou plutôt au nuage de pollution…

Tout en partant elle vit de nouveaux Wesley, qui fumait… Ce n’était pas dans les habitudes de la jeune femme de parler à ses adversaires suite à un procès, mais elle s’approcha tout de même. Après tout elle n’avait pas désiré être membre de ce procès… Elle se trouva à ses côtés et posa délicatement une main sur l’épaule droite de l’homme et d’un sourire triste elle essaya de s’excuser… C’était bien peu pour ce qu’elle venait de lui faire, mais ça lui soulagea tout de même un peu la conscience.

« Je suis…désolée… »

Elle l’observa une dernière fois avant de se retourner, vers l’hôpital. Endroit où elle se dirigea à contre cœur, mais l’âme un peu moins lourde qu’avant…Le lendemain serrait une belle journée… Une journée sans tristesse et sans siéges trempés de larmes…

l’hôpital, 1er scénario.