Cut me free (Vec Marty =))

[<-- Armansva]

Et voilà. Fin du rêve. Retour brutal à la réalité. Tu te sens mal. Très mal. Comme après chaque voyage au pays des merveilles. Seulement voilà, tu ne te réveilles pas sur le sol du Wonderland. Tu ne te réveilles pas sur le parquet à Jerry. Tu ne te réveilles pas sur ton propre parquet ni dans les chiottes dégueulasses de quelque bar ou boite de nuit. Tu ne peux pas te précipiter sur ton placard à médicaments et trouver des anxiolytiques. Tu ne peux pas hurler sur Jerry pour qu'il t'en donne. Tu ne peux pas lui téléphoner pour qu'il te file de foutus psychoactifs.
Et quand tu lèves enfin la tête et que tu vois les magnifiques barreaux derrière lesquels tu te trouves tu penses : Benzodiazépine. Tu penses : Antidépresseur.
Pas un seul connard ici, ne pourrait faire ça pour toi. Tu le savais. Tu te demandais si t'accrocher à tes barreaux avec ton air désespéré en suppliant les gardiens avec quelque chose comme : "S'il vous plait les mecs..." fonctionnerait. Mais tu ne cherchais pas la réponse, tu ne réfléchissais pas, tu n'y arrivais pas.
La chemise d'Hina n'avait toujours pas séchée et elle lui collait encore à la peau.
Il chelinguait le whisky à des kilomètres, mais ça il n'y avait que lui qui ne le sentait pas. Il était tellement défoncé en permanence qu'il lui arrivait de se demander s'il avait encore de l'odorat ou non. Sans doute que non.
Etalé parterre, tremblant comme une feuille, il se mit une nouvelle fois à cracher du sang (à moitié sur sa chemise). Connards de flics. Ils étaient pas obligés de frapper si fort. Enfin... Après tout Hina avait toujours été un bon petit punching-ball.

Il réussit à s'assoir après quelques gémissements en se tenant le ventre et se demanda si menacer de se suicider ferait réagir les gardiens. Il se demanda si menacer de s'étrangler avec sa chemise dégueulasse les rendrait plus sympas. Non pas qu'il hésitait vraiment sur le passage à l'acte, c'est surtout de l'efficacité dudit acte dont il doutait.
La vérité c'est que Hina était dans un état lamentable.
Hinatéa, réfléchis pauvre con. Réfléchis... Non, non, non. Impossible.
Plus que de sortir de prison, la préoccupation du moment était : trouver des psychoactifs. La vérité c'est que Hinatéa commençait à être accro à ces trucs-là aussi.
Après plusieurs minutes encore de désespoir, où il avait passé en revue des tas d'idées, confuses ou totalement débiles, il trouva enfin la solution miracle. Sa dernière et seule chance : Wesley Martigan. Compter sur un lieutenant de police pour sortir de prison... Vous lui auriez dit, Hinatéa vous aurait pris pour un con. Et pourtant, il n'y avait que ça à faire. Il était pote avec Calypso d'après ce que celle-ci lui avait dit et il faisait parti de la confrérie. Deux très bonnes raisons de penser qu'il pourrait sortir Hina de la merde dans laquelle il se trouvait. Rien n'était sûr mais au point où en était Hina, ça ne lui coûtait absolument rien d'essayer.
Hinatéa = le lamentable drogué de Cassandre. Les pauvres, se retrouver avec un con pareil... Hinatéa avait même envie de s'excuser.

Il se leva, s'approcha furtivement des barreaux. Il fixa les gardiens avec de gros yeux avant de dire :

« Hé ! ... »

Les deux types se regardèrent en haussant les sourcils avec un air blasé, avant de regarder Hinatéa, méprisants ce coup-ci et de répondre : « Il veut quoi le drogué ? » Et Hinatéa leur demanda s'ils pouvaient pas aller chercher le lieutenant Martigan pour lui. « Ah, ah, voilà un gamin maso ! T'es au courant de tout ce qu'on dit sur Martigan hein ? Il fait pas dans la dentelle, tu l'sais ça ? »
Et comme Hina avait le regard insistant, l'un d'eux parti en disant : « Ouais je vais le chercher. »
Et voilà. Les secondes étaient horriblement longues et Hina s'assit contre le mur, replia ses genoux, posa ses bras dessus et enfoui sa tête dedans. Il tremblait encore tellement il était anxieux. La vérité c'est qu'il était pathétique le pauvre Hina.

Interrogatoires qui se succèdent et qui se ressemblent…. Drogués et dealers qui se dénoncent tous les uns les autres. La loi du silence ? Vous croyez encore à cette légende répandue dans les bas fonds ? Non les types parlent pour s’en sortir, pour ne pas passer un moment cradingue avec des voisins de cellule peu amènes. Ca fait déjà un paquet d’heures que je suis dans cette petite salle fermée uniquement meublée d’une table et de trois chaises fixées au sol, toujours revêtu de mon treillis sombre d’intervention, à interroger mon quota de prisonniers sous une lumière blanche artificielle. Et ça crache, ça parle mais jamais du lourd, d’autres petits truands qui sont toujours plus fautifs que le type en face de moi… Prisons pour les plus durs, camp de réinsertion pour les moins atteints, leur avenir est tout tracé, à la fin de leur peine, ils retourneront alimenter l’Armansva et ses vices.

On frappe…J’viens de finir mon interrogatoire aussi dis je d’entrer. Un agent en uniforme, un homme d’age mur attaché à la surveillance du donjon. Le donjon c’est le petit nom que nous donnons au dédale de tunnels où se trouvent les cellules. Un endroit stratégiquement placé à vingt mètres sous terre qui pue le renfermé.

Lieutenant, un prisonnier vous demande…. Il a l’air complètement défoncé.

Un type me demande moi ? J’connaissais personne dans ce bar, j’en suis sur, et ma célébrité chez les petits voyous les dissuadent de me demander. Etrange donc cet appel venu d’un drogué inconnu… Je fais signe à l’agent que j’arrive, et après avoir redonner mon client actuel, un hispanique arrogant à ses gardiens, je sors… Direction l’ascenseur vers l’enfer, dans les entrailles de Gallisco. Première salle de garde, où se trouvent en permanence cinq hommes surarmés filtrant les entrés et sorties, puis les couloirs sombres et sales conduisant vers les cellules sordides.

C’est lui lieutenant, c’est ce junkie qui vous demande…

Un coup d’œil rapide dans la cellule à travers les barreaux et j’observe l’extraterrestre qui la peuple. Physique androgyne, fringues souillées, visage maquillé… J’ai pas de problèmes avec les homosexuels, mais lui a le regard perdu du drogué à la recherche de sa came. Dommage je suis pas dealer. La porte s’ouvre et je pénètre dans le cachot puant.

Alors mon gars, je suis le lieutenant Martigan. Tu veux me voir à ce qu’il parait ? Alors crache vite le morceau, j’ai pas que ça à faire…

Mon ton peut paraître brusque mais je ne sais pas qui est ce type… Et je déteste marcher en plein inconnu… Mes yeux se braquent sur lui, il a intérêt à être intéressant.

Le gardien restant te regardait comme si tu venais d'une autre planète. Il avait le regard méchant d'un gros molosse. Oui. Un bon gros chien. Ca te rappelait quelqu'un, aussi tu préféras reculer... Peu à peu tu commençais à réaliser ce que "prison" signifiait. Prison signifiait immonde cellule. Cette immonde cellule. Jamais, jamais, jamais tu ne pourrais rester ici. Tu préférais mille fois le suicide à un séjour allongé ici. Et voilà. Hinatéa se retrouvait dans la phase "dépression" qu'un bon petit médicament aurait vite fait de faire disparaitre. Un bon petit médicament, une bonne petite douche et une bonne nuit à tourner en rond dans son appartement. Et tout était dans l'ordre.
Et puis ce connard, qu'est-ce qu'il avait de plus que toi ? Il avait un boulot merdique, surveiller des violeurs et des voleurs qui ne rêvaient que d'une chose : lui tordre le cou. Il passait son temps dans des couloirs sordides à insulter des types, bien en sécurité à l'extérieur. Il passait son temps à déambuler devant des cellules en sifflotant une petite chanson. Et d'une façon ou d'une autre lui aussi devait avoir sa drogue à lui. Peut-être enterait-il des bouteilles d'alcool dans son jardin. Peut-être fumait-il trois paquets par jour. Peut-être mangeait-il dix tablettes de chocolat. Peut-être se tapait-il une pétasse différente chaque jour.
Hinatéa évitait de le regarder au possible, lorsqu'il entendit des pas dans les sombres couloirs qui se dirigeaient part-ici. Il se leva et ne pu s'empêcher un sourire (bien qu'à peine visible) lorsqu'il reconnu le visage du lieutenant Martigan.

« C’est lui lieutenant, c’est ce junkie qui vous demande… »

Oui vas-y. Lâche-toi connard. Dis aussi : drogué à la con. Dis aussi : détritus. Dis aussi : tas de merde. Dis aussi : travelo.
Hina homosexuel ? Ah, ah ! Jamais de la vie ! Bien sur, bien sur qu'il avait l'habitude qu'on l'insulte de "pédé", "tapette" et autres "tafiole". Et pourtant... Il avait aussi l'habitude de dire à Jerry : "Je suis pas intéressé." ou "Casse-toi." ou "Espèce de connard, enlève ta main." Même drogué jamais Hinatéa n'aurait accepté d'aller plus loin que quelques baisers baveux. Jerry était un pote mais il fallait pas exagérer. Et les gens pouvaient dire ce qu'ils voulaient mais un tel physique plaisait énormément aux filles. Hinatéa pourrait en témoigner. Alors vous, avec votre barbe de trois jours et vos poils aux pattes allez vous faire foutre.
Martigan entra dans la cellule et dit :

« Alors mon gars, je suis le lieutenant Martigan. Tu veux me voir à ce qu’il parait ? Alors crache vite le morceau, j’ai pas que ça à faire… »

Mon gars. Dis aussi : gamin. Dis aussi : gosse. La vérité c'est que Hina était le plus jeune parmi tous les types arrêtés dans ce foutu bar. La vérité c'est que tous les autres ils avaient facilement dépassé la vingtaine.
Hinatéa ne cherchait pas de la came. Quoi que... L'héroïne c'était aussi une bonne solution après la coke... Enfin. Il ne fallait pas trop exagérer non plus. Martigan avait pas l'air commode certes. Est-ce que tu étais intimidé ? Pas le moins du monde. Toute ta vie tu t'étais fait insulter, tu t'étais fait hurler dessus, alors ce ton-là tu le qualifierais presque de "doux". D'ailleurs c'est fou à quel point la présence de ce type t'avait apaisé. Parce que la présence de ce type voulait dire : liberté.
Hinatéa jeta un rapide coup d'oeil au gardien et s'approcha doucement de Martigan pour lui murmurer :

« Disons simplement que nous avons une "amie" commune nommée Calypso Lusiana et que nous faisons partie de la même Confrérie. » et il posa ses grands yeux noirs inexpressifs sur lui, visiblement un peu moins détendu, la voix tremblante : « Il faut... Qu'vous me fassiez sortir de là... » Hinatéa pensa encore : anxiolytiques.

Et il recula et dit ce coup-ci à voix haute : « Pardon pour l'odeur de whisky. »

Vas-y, sors-moi de là juste pour pouvoir te foutre de ma gueule comme il faut. Juste pour pouvoir prouver ta supériorité. Juste pour montrer à quel point je suis juste un boulet. La vérité c'est que Hinatéa détestait demander de l'aide à qui que ce soit. Notamment quand il se trouvait dans un état aussi déplorable. Mais c'était évident que là il n'avait aucunement le choix.
Hinatéa frissonna. Ca faisait maintenant un bon moment qu'il était trempé, et il commençait à avoir vraiment froid.

Soupir… Toujours cette cellule puante et ce jeune homme face à lui…. Que lui voulait-il donc, il ne se souvenait pas de l’avoir pourtant déjà croisé. Allons Marty, un visage comme ça, tu te souviendrais de l’avoir croiser, même si ton état actuel n’est pas le meilleur que tu es connu. Et le voila qui s’avance et qui chuchote :

Disons simplement que nous avons une "amie" commune nommée Calypso Lusiana et que nous faisons partie de la même Confrérie: Il faut... Qu'vous me fassiez sortir de là…

Ah ouais, te sortir de là…. Soupir à nouveau, la confrérie Cassandre rassemble vraiment des gens de divers horizons, mais si c’est un ami de Caly, c’est que je peux lui faire un minimum confiance. Sauf que dans ce bas monde, rien n’est gratuit. Le jeune recule puis me regarde avec les yeux d’une bambi accro à la coke :

Pardon pour l'odeur de whisky.

Ah c’était du whisky cette odeur ? Un sous produit alors, pas de l’irlandais comme j’aime à en boire. Le gardien me regarde attendant les consignes…Comment je vais le sortir de là moi ? …Puis lumière dans mon crâne de Lieutenant :

Ok marché conclu petit, j’te sors de là et tu me sers d’yeux et d’oreilles dans l’Armansva. Drogues, mouvements de gangs, je veux tout savoir sur ce que tu pourras choper… Ta liberté en cette ville est à ce prix…

Petite pause, il n’est pas en état de refuser quoi que ce soit à ce moment. Le fait qu’il en appelle à mes services pour le sortir du pétrin dans lequel il est montre bien qu’il n’a pas d’autres relations capables de l’aider. Un signe au gardien :

Détachez le, c’est un informateur à moi, je le reconduis dehors.

Je me détourne, le garçon sur mes talons en silence, direction la salle de garde ou un préposé lui rendra les diverses affaires légales saisis sur lui. La drogue et le reste sont saisit bien sur et seront détruit en temps et en heure… Enfin l’ascenseur, direction la sortie, l’air libre pour ce jeune, paré à sombrer à nouveau dans des paradis artificiels. Un dernier regard vers lui.

Bon tu as compris, j’accepte de te couvrir pour ce genre de conneries…Mais maintenant n’oublie pas, tu es vraiment mon informateur, j’attends des résultats… Et Caly ou pas Caly, si tu ne remplis pas ta part du marché, tu reviens ici, en cellule double avec un beau tatoué qui t’apprendra la vie carcérale, ok ? Et oublie pas je sais où te trouver…

Et merde, pourquoi faut il que le parvis de ce damné commissariat offre une vue idéale sur l’immeuble de Messia ? J’suis maudit là, mes yeux attirés par le sommet… Bon on se calme et on revient au petit père Hinatéa, un vent frais commençant à se lever.

Voila ma carte, appelle moi si tu as des infos….ou des problèmes.

Et oui, je ne suis pas non plus du genre à laisser mes informateurs dans la mouise non plus, même si ce sont des drogués. Je serre sa main puis me détourne fatigué, retournant à mes interrogatoires dans ce qui est ma seconde demeure.

Une affaire de plus...

Où que je déambule, je tombai invariablement dans les bas fonds du commissariat, j'ai appelé, les salles d'interrogatoires.
J'arrivai croyant être seule, je me permis de jeter un oeil dans les salles à travers les vitres, quasiment personne, ce n'était même pas drôle. Moi qui pensais assister à un quelconque interrogatoire un peu musclé, ou au moins un poil intéressant mais non rien, personne.

Enfin si apparemment, aux pas que j'entendis derrière moi. Je me retournai brusquement pour faire face à Martigan. Encore lui. Je l'avais déjà croisé plusieurs fois dans le coin mais on n'avait jamais vraiment eu l'occasion de parler.
D'un autre côté je ne sais pas de quoi on aurait pu converser, je le connaissais que de vue et discuter avec un mal de crâne qui commençait à poindre n'était peut-être pas une si bonne idée.

Tant pis pour la migraine...

"- Un tour en solitaire dans les méandres du Central ?"

Biensûr j'aurais pu juste dire "salut" mais j'avais toujours l'art de commencer une conversation de façon peu ordinaire.

[Pardon j'ai mis dix ans à poster et en plus c'est pourri xD]

"Ok marché conclu petit, j’te sors de là et tu me sers d’yeux et d’oreilles dans l’Armansva. Drogues, mouvements de gangs, je veux tout savoir sur ce que tu pourras choper… Ta liberté en cette ville est à ce prix…"

Tu allais donner des infos qui feraient que tes amis iraient pourrir au fond d'un cachot moisi. Si Hinatéa avait beaucoup d'amis ? Honnêtement tu te demandes : Est-ce que tu serais prêt à faire ça ? Ou plutôt honnêtement tu te demandes : Est-ce que tu serais prêt à faire ça pour ne pas devenir le super bon coup de toute la prison à cause de ta tronche de fillette ? Est-ce que tu serais prêt à faire ça pour ne pas tailler des pipes dans des couloirs dégueulasses à des types qui pourraient te tuer d'une pichenette ? Honnêtement ? ... Non. Hinatéa n'avait pas beaucoup d'amis. Il avait bien moins d'amis que des connaissances. Des tas et des tas de connaissances pour lesquelles il n'irait certainement pas moisir en prison. Jerry était un ami. Et a moins qu'un ami d'un ami d'un ami d'un ami d'un ami à lui ne puisse le sortir de là, les années à venir risquaient d'être fort sympathiques pour lui.
Et tout le monde se dirait : "Jerry il doit mater sous les douches." Et tout le monde se dirait : "Jerry il doit aimer les grands tatoués au crane rasé." Et tout le monde se dirait : "Jerry il est sûrement la pute de la prison." Et Jerry qui attendrait impatiemment qu'on serve des côtelettes au déjeuner. Jerry qui, naïf, entre deux pipes et trois sodomies à sec subtiliserait une petite cuillère pour creuser dans du béton.
Regarde d'abord le bon côté des choses. Et uniquement le bon côté. Oublie que tu as moins envie de devenir une balance que de passer ton temps à mettre des petites croix sur un mur. Et tout se passera bien.

Hinatéa ne dit rien, il n'y avait rien à dire. Il conclu simplement que Martigan était un connard, mais qu'en même temps il avait bien raison. Parce que Hinatéa le méritait bien. Bien fait pour moi. Et puis ça l'occuperait. Et puis au moins il servirait à quelque chose. Au moins quelqu'un aurait besoin de toi. La nuit, plutôt que de lire un truc inutile et chiant sur la façon dont cuisiner le riz ou sur les propriétés extraordinaires du brocoli, tu deviendrais utile. Tu serais les yeux de Martigan. Tu pourrais presque trouver ça bien finalement si ta préoccupation du moment n'était pas : Médicaments.
Et hop là, on te détache à la demande du monsieur, direction la sortie. Une sortie pour t'enfermer ailleurs. Mais un ailleurs que tu aurais choisi. The Wonderland.

"Bon tu as compris, j’accepte de te couvrir pour ce genre de conneries…Mais maintenant n’oublie pas, tu es vraiment mon informateur, j’attends des résultats… Et Caly ou pas Caly, si tu ne remplis pas ta part du marché, tu reviens ici, en cellule double avec un beau tatoué qui t’apprendra la vie carcérale, ok ? Et oublie pas je sais où te trouver…"

Ah, ah. Pauvre con. Calypso ne protégerait certainement pas Hinatéa. On pouvait dire que Hina avait bien eu Martigan. Si ça se trouvait Caly en avait rien à foutre d'Hina, ce con qui l'avait plantée au café de la Bourse. Si ça se trouvait elle aurait préféré qu'il reste en prison et aurait dit : "c'est pas mon problème". C'est d'ailleurs ce que Hina aurait fait à sa place. Mais alors, maintenant que Hinatéa allait faire de bonnes actions grâce au gentil Marty en vidant un peu l'Armansva de quelques truands, peut-être allait-elle passer l'éponge pour cette affaire. Et si elle ne le faisait pas ça n'avait aucune importance. Si elle se mettait en colère contre lui, alors Hinatéa espérait qu'elle le fasse violemment. Pas de discours de merde, de sermont débile. Hinatéa y préférait bien plus quelques bons coups et très méchantes insultes. Des "espèce de trou du cul je vais te foutre une branlée !" Simple question d'habitude. Hinatéa ne répondit pas aux menaces Martiganiennes "si tu ne remplis pas ta part du marché et blablabla...", bien sur que je la remplirais connard. Pas parce que je chis dans mon froc à l'idée de retourner en prison mais parce que je pense que ça peut être marrant. Et uniquement pour ça. De toute façon, si jamais je ne trouvais plus ça amusant attends-toi à ce que je me ramène devant toi en te tendant mes poignets. Hinatéa il pensait juste : Un informateur qui pouvait voir l'avenir c'était une perle mon vieux. Alors t'as intérêt à en prendre soin. Hina est décidé, profites-en.

"Voila ma carte, appelle moi si tu as des infos….ou des problèmes."

Et coup de vent, et Hina a horriblement froid. Et il a envie de se mettre dans un coin et de chialer comme un nourrisson. Et il pense : Anti-dépresseurs. Martigan lui tend sa carte et, réflexe idiot, Hinatéa recule. Question d'habitude. Puis il finit par la prendre, mais il tremble tellement qu'elle se plie déjà à moitié dans sa main. Espèce de connard de Martigan. Qui aurait envie de t'appeler en cas de problème ? Certainement pas moi.
Hinatéa choisit apparemment d'être muet jusqu'au bout et s'en alla avec sa tête d'égaré. Bientôt il se précipiterait sur un placard à médocs comme un chien affamé à qui on jetterait deux trois morceaux de viande, un steak de paradis.

Et voila job terminé pensais je…Le drogué était relâché… N’empêche j’interrogerais caly sur lui car il pouvait représenter un danger pour la Confrérie….Bref j’en étais à ces pensées, quand je me redirigeais vers les salles d’interrogatoires récupérer tous ses fichus rapports…Des heures à bosser enfermé dans mon bureau en perspective, j’adorais ça.

Peu de monde dans les couloirs, c’est normal, la plupart des hommes sont sur le terrain à cette heure là, surtout que l’Ame semble inquiète et a ordonné une vigilance accrue des quartiers sensibles. Ca plus le gala de la police à venir, forcément reste peu de monde à l’administration… Tant mieux d’un certain coté, je n’appréciais pas trop la foule de mes collègues…Quand je vous dis que je suis un solitaire dans l’âme.

Bref je m’avance, saluant ceux qui me disent un bonjour poli mais sans plus à mon passage. Quoi de plus ordinaire et banal dans la merde qui me sert de vie. Hop le détour d’un couloir, j’avance toujours quand, perdu dans mes pensées on m’interpelle…Et par des mots autres que bonjour lieutenant Martigan.

Un tour en solitaire dans les méandres du Central ?

Je lève donc ma tête vers la personne qui m’a interpellé ainsi… Le lieutenant Samantha Fisher… Je la connaissais de vue sans plus, une bonne flic à ce qu’on disait comme si l’espèce était en voix de disparition, ce qui vu la corruption ambiante était peut être vrai… Mais nous ne travaillons pas en général sur les mêmes créneaux…. Et avouons le, mesdames et messieurs, le lieutenant Martigan n’est pas un modèle de sociabilité, sauf peut être avec les dirigeantes d’entreprises pharmaceutiques et les propriétaires de maisons closes… Néanmoins j’aurai vraiment été un goujat de ne pas lui répondre.

Bonjour lieutenant Fisher….Non je raccompagnais un de mes informateurs à la porte du central…Et m’apprêtais à faire un petit marathon de paperasserie suite à la descente dans l’Armansva…

Un soupir suite à cette phrase, effectivement l’aspect technique de la bureaucratie n’était pas celui que je préférais…. J’étais plus un homme de terrain, enfin bon….

Et vous-même lieutenant Fisher qu’est ce qui vous mène dans les couloirs de notre beau commissariat en cette journée ?

Simple politesse mélangée de curiosité, je ne pouvais décemment pas la planter là comme cela, non ? Bref je m’accorde une pause pour discuter avec ma collègue, comme si j’étais un flic normal…

Mais n’est ce pas ce que je suis ?

Il avait eu l'air plongé dans ses pensées quand je l'avais salué. Je me demandais à quoi il pouvait bien penser.
Il me décris gentiement ce qu'il faisait et qu'il allait faire.
*Raccompagner un informateur ?* Dommage que j'avais râté ça, car cet espèce là se faisait trop rare à mon goût, du moins pour moi.
*S'occuper d'une montagne de paperasserie...* Ah oui là en effet il devait être un peu sous l'eau. D'ailleurs il avait l'air aussi réjoui que moi à l'idée de faire de la paperasserie.

"- Je peux peut-être vous donner un coup de main ?"

Nos questions se croisèrent, je souris légèrement.
Si j'avais bien compris entre ma phrase et la sienne, il m'avait demandé ce que je faisais à traîner, moi aussi, dans les couloirs du Central.
Je repensais à la raison pour laquelle j'étais là, à vingt deux heures passées alors que je devrais être couchée depuis au moins une heure, vu l'heure à laquelle je m'étais levée et la journée que j'avais eu.

"- Et bien le Central m'a appelé, je suis donc venue aussi vite que j'ai pu mais apparemment personne ne semble avoir besoin de moi. Je me demande si c'était un canular... ou quelque chose que quelqu'un aurait oublié de me dire.
A vrai dire je me serais bien passée de coup de fil, avec la journée chaotique que j'ai eu..."

Je soupirais et repensais à la légère blessure que j'avais au bras. Rien de bien grave mais la douleur lancinante revenait par moment, comme maintenant. Je grimaçais.

Visiblement le lieutenant Fisher s’ennuyait…. Pour me proposer un coup de mains pour faire le travail le plus chiant possible, il fallait effectivement s’ennuyer à mourir…..Mais bon, je restais même pour une chose aussi simple que ça un individualiste farouche…Et oui on ne me surnommait pas « le loup solitaire » pour rien…Néanmoins je répondis alors d’un ton qui se voulait poli :

Merci de l’offre, c’est gentil, mais bon….Je suis parti pour rester la nuit ici et de toute façon le capitaine n’apprécierait pas de voir ce travail fait par quelqu’un d’autre…Une sorte de punition dirons nous….Mais je tiendrais, puis j’ai du café et des beignets…

Puis surtout un désir de me plonger dans le boulot, mais ça, c’est personnel…Personne qui m’attend, ma fille que je ne vois plus, ma vie sentimentale en bordel total… Bonheur bonheur quand tu nous tient…. Bref, je reprends un air assuré, sourire aimable à l’officier qui me fait face…. Et qui répond à ma question…

Et bien le Central m'a appelé, je suis donc venue aussi vite que j'ai pu mais apparemment personne ne semble avoir besoin de moi. Je me demande si c'était un canular... ou quelque chose que quelqu'un aurait oublié de me dire.
A vrai dire je me serais bien passée de coup de fil, avec la journée chaotique que j'ai eu.

Ah ouais ça…. Je sentais encore bien une blague sexiste de certains collègues indélicats. Le monde policier restait assez machiste dans l’âme et sans être habituel, il arrivait que certains prennent l’initiative de ce genre de conneries… Heureusement c’était loin d’être le cas de la majorité des agents…

Une grimace…Sa main gauche qui se porte à son bras….Une blessure Lieutenant Fischer ? La journée fut donc agitée ? Marty, la fille en face de toi n’est pas une suspecte mais quelqu’un qui a le même grade que toi alors soit poli, ne te montre pas plus curieux qu’il ne le faut.

La journée fut si…éprouvante ? Vous feriez bien de passer à l’infirmerie du Central avant de rentrer chez vous Lieutenant Fisher, enfin c’est un conseil…. A mon avis votre coup de fil est le résultat d’une plaisanterie foireuse d’un abruti de l’accueil…. D’ailleurs, je serais vous, je demanderais au service des télécommunications internes de quel poste venait l’appel que vous avez reçu… Et je demanderais des explications à cette personne…. C’est un conseil qui vaut ce qu’il vaut…

Je haussais les épaules sur ces paroles…. Que dire de plus, tous deux dans ce couloir désert aux murs glauques menant aux bureaux que cet échange de banalités…. Je ne connaissais point cette femme autrement par le fait qu’elle soit une collègue et ses derniers temps je me montrais méfiant….

Bref je m’apprêtais donc à fausser compagnie à ma collègue de la façon la plus polie possible… Hinatéa avait épuisé ma réserve de patience pour la Journée… En un geste calculé je lui tendais la main…

Et bien lieutenant, au plaisir de vous retrouver sur une affaire alors…. Si vous voulez m’excuser…

La conversation était assez stérile, on ne se connaissait que peu et visiblement on n'avait pas envie d'aborder de grands discours aujourd'hui.

"- Merci de l’offre, c’est gentil, mais bon….Je suis parti pour rester la nuit ici et de toute façon le capitaine n’apprécierait pas de voir ce travail fait par quelqu’un d’autre…Une sorte de punition dirons nous….Mais je tiendrais, puis j’ai du café et des beignets…
- Comme vous voulez Lieutenant, ne veillez pa trop tard."

Un conseil, ou plutôt juste une remarque. De loin il avait l'air d'être quelqu'un d'assez solitaire avec personne pour l'aider ou le remettre dans le droit chemin mais je ne voulais pas lui faire la morale, pire, me le mettre à dos, je n'étais pas sa mère après tout.

"- La journée fut si…éprouvante ? Vous feriez bien de passer à l’infirmerie du Central avant de rentrer chez vous Lieutenant Fisher, enfin c’est un conseil….
- Merci, mais je crois que j'ai eu ma dose de soin, ce n'est qu'une blessure comme une autre, je crois que depuis le temps j'ai l'habitude."

Oui à force de "soigner" les autres, j'avais appris à résister à la douleur, à faire avec, à l'oublier même, elle faisait partie de mon quotidien.
Ce n'était rien en comparaison de mon état psychologique certains jours, mais ça aussi je l'occultais, la plupart du temps.

"- A mon avis votre coup de fil est le résultat d’une plaisanterie foireuse d’un abruti de l’accueil…. D’ailleurs, je serais vous, je demanderais au service des télécommunications internes de quel poste venait l’appel que vous avez reçu… Et je demanderais des explications à cette personne…. C’est un conseil qui vaut ce qu’il vaut…
- Je crois que je n'ai pas vraiment la force de faire une chasse au plaisantin, que ça soit aujourd'hui ou un autre jour. De toute façon, qui que ce soit, ça finirait bien par lui retomber dessus, ce genre de truc est rarement un cas isolé et au prochain coup je verrais bien qui sait."

La seule chose qui m'énervait était que j'avais dû revenir ici, mais après tout le boulot n'attendait pas, les criminels étaient loin de se reposer et ils n'allaient pas gentiement s'arrêter de voler ou tuer, juste parce-que je voulais un peu de répis.

"- Et bien lieutenant, au plaisir de vous retrouver sur une affaire alors…. Si vous voulez m’excuser…
- De même Lieutenant Martigan, j'espère que..."

Ma phrase resta inachevée car interrompue par la sonnerie de mon portable. L'écho dans ces lieux vides et sombres, me fit légèrement sursauter avant que je décroche.

"- Fisher.
Un meurtre ? Deux ?! A l'Hôtel Antilles...
Ok j'arrive dès que je peux."

Je raccrochais.

"- Je ne voudrais pas vous enlever le plaisir de faire votre paperasserie mais je crois qu'on a besoin de nous pour quelque chose de plus important. Vu que vous vouliez me retrouver sur une affaire... je viens d'être appelée pour deux meurtres à l' Hôtel Antilles, ça vous tente ?"

L'adrénaline qui s'écoulait lentement dans mon sang m'avait donné un coup de fouet et l'envie de me remettre au boulot. J'étais encore fatiguée mais avec un thermos de café et une enquête en perspective, cela devrait aller.

Voila….Nous étions tous deux là, deux lieutenants de notre valeureuse police à discuter de choses et d’autres. Bref je m’apprêtais à repartir lorsque un coup de téléphone retentit…Le portable de Sam… Je me mettais donc à l’écart avant de prendre congé la laissant parler sans écouter….

L’appel est court, et la revoici….. Une nouvelle affaire à première vue et voici son regard qui se tourne vers moi avec malice… Un partenariat…. Ma foi j’ai l’habitude de travailler seul, mais pourquoi pas… Puis surgit le nom du lieu…

L’hôtel Antilles….

Souvenez vous il y a peu… Cet hôtel de bas étage au sein même de l’Armansva….Cet endroit où Haven et moi nous étions rencontré la dernière fois… Cet instant où je l’avais tenu dans mes bras la sauvant du viol… Je ressens à nouveau son odeur, sa peau si douce se blottissant et s’agrippant sur mon corps, les frissons me traversant, mon cœur battant à tout rompre…. Jusqu’à cette ultime séparation devant sa demeure, après avoir échanger un chaste baiser.

Pale, oui je suis pale et Sam doit le remarquer… Il faut que je m’esquive… Mais en même temps je ne peux la laisser sans aide enquêter sur ses meurtres… Et j’ai une idée…

Malheureusement, j’ai encore pas mal de travail… Mais puisque votre enquête va vous amener à l’Armansva, permettez moi de vous donner un coup de main…. Contacter un dénommé Hinatéa dont voici les coordonnées… Il n’est pas ce que j’appelle très fiable mais a des connaissances sur le quartier et sa faune…

Et joignant le geste à la parole je griffonne sur un post-it les coordonnés du drogué…. A lui donc de montrer son utilité….Puis je le tends à ma collègue.

Voici… Et bien lieutenant Fisher… Si je puis faire quoi que ce soit d’autre, n’hésiter pas …. Je vous ai joint mon numéro au cas où… Bonne enquête…

Et c’est sur ses salutations que je prends congé… Manière cavalière certes, mais la simple évocation des lieux du crime m’a rappelé des souvenirs forts douloureux…Aussi m’enfuis je dans les couloirs éclairés aux néons jusqu’à mon bureau, ce cocon douillet, illusion de sécurité…

La porte se referme derrière moi et je tome sur le canapé…. Pensées qui se croisent, se mélangent dans mon esprit embrumé….Ma fille perdue et détenue je ne sais où…. Haven et ce sentiment si fort qui m’envahit toujours à sa pensée…. J’ai mal, j’ai si mal…. Mon regard qui se promène sur le bureau à la recherche de quelque chose…

Elle est là…. Une petite pilule de couleur rouge du nom de Halucian… Nouvelle drogue à la mode dit on, capable d’infliger les meilleurs des plaisirs… La consommer me ferait peut être oublier toutes ses idées noires non ? C’est pas le moment… J’dois passer voir caly, elle saura me remonter le moral…

Non je n’en suis pas encore là, alors que je m’allonge sur le canapé fermant mes yeux un moment… Je suis fatigué de tout ça, je suis fatigué de me battre contre des moulins à vents… Bon sang cela s’arrêtera t’il un jour où suis-je condamné à subir cela… aller ferme donc les yeux et essaye de penser à des choses agréables… Une paire de superbes yeux gris par exemple….

A l'énoncé du lei des meurtre le lieutenant Martigan devint pâle comme un feuille, encore un peu et je pensais qu'il allait s'enfuir en courant, d'ailleurs c'est ce qu'il a fait.

"- Malheureusement, j’ai encore pas mal de travail… Mais puisque votre enquête va vous amener à l’Armansva, permettez moi de vous donner un coup de main…. Contacter un dénommé Hinatéa dont voici les coordonnées… Il n’est pas ce que j’appelle très fiable mais a des connaissances sur le quartier et sa faune…
- Merci... je suppose..."

J'étais un peu mal à l'aise, j'espérais une aide plus personnelle alors qu'il était en train de m'envoyer vers un des ses informateurs. pas que je dénigrai le geste mais deux meurtres dans un quartier chaud, qui plus est deux meurtres assez sordides, voir terrifiants, à la voix de l'officier qui m'avait appelé, ça ne présageait rien de bon pour ma nuit.
Mais soit je me contenterais de cet aide par l'intermédiaire de cet Hinatéa, j'espérais au moins qu'il était bien informé à défaut d'être véritablement digne de confiance.
Il prononça une dernière phrase que j'entendis à peine, trop plongée dans mes pensées, puis tourna les talons et quitta les lieux. Je le regardai vaguement partir, toujours aussi solitaire et sombre.

Mon portable encore entre les mains, je regardai les deux numéros notés sur le Post-It, celui de mon lieutenant et celui de l'indic. Je composai le deuxième et attendis que quelqu'un décroche, espérant tomber rapidement sur celui qui allait peut-être me guider dans l'Armansva.

[A noter que Hinatéa est à l'Armansva en ce moment =) ]

Cigarillo dans la bouche, Hinatéa regarda les murs. Trois couches de peinture plus deux de papier-peint. Une bleue. Une orange. Une blanche. Un blanc à rayures roses. Un à fleurs. Partout des obsolètes bibelots ou des trucs immondes tous droits sortis des sex-shops du coin. Hinatéa s'était d'ailleurs lamentablement étalé après avoir marché sur un sex toy rose qui faisait de la musique. La télé braillait une série télé pour gamins, les aventures de Macaron. Harice elle dit : "Y'a l'film qu'est sortit y'a pas longtemps j'crois..."
Hinatéa s'en foutait, il somnolait devant la télé qui disait : "Allons-y Macaron !!"
Il tenta de s'allonger dans le canapé mais il s'assit sur un truc qui se mit à couiner. Le truc disait : "Ah, ah, ah !" Il s'agissait d'un horrible machin en plastique qui quand vous appuyez dessus ouvrait son beau manteau en cuir pour montrer son engin. Comme c'était de bon goût... Hina dit : "Je suis jaloux de toutes tes conneries..." Le truc en plastique continuait à rire tout en exhibant fièrement son machin entre les jambes. Harice dit : "J'te l'donne si tu veux." Hina grimaça. Il faudrait qu'on le paye pour posséder un truc pareil. Harice marcha sur un âne en peluche rond comme un boule de bowling et qui se mit à faire "Hi han ! Hi han !" aussitôt. Hina dit : "Putain..." Il ferma les yeux et tomba du canapé pour se retrouver nez à nez avec une figurine de Macaron, version SM. Il décida de rester où il était, sur un tapis de salle de bain où était posée une horrible table en plastique noir. La déco écorchait les yeux mais Hinatéa s'en tapait pas mal. En rentrant chez lui il avait tout balancé parterre, dope et médocs, héro et herbe. Tout ça c'était étalé et représentait si bien Hinatéa. Ses mondes horribles et merveilleux. Une seule chose au monde était meilleure que la drogue. Meilleure qu'une petite piqure ou qu'un rail de coke. Et rien ne pouvait égaler cette chose-là.
Hinatéa n'avait pas voulu rester tout seul chez lui, dans son petit chez lui dépouillé, il avait débarqué chez Harice après avoir ingurgité quelques petites pilules miracle pour lesquelles il aurait tué s'il ne les avait déjà en sa possession.
Là, parterre, il eut soudain une vision.
Une fille. Il ne l'a jamais vue. Elle regarde un petit papier. Elle fait un numéro. Et puis elle disparait. A la place une table avec des bras. Une pièce repeinte en rouge. Des gens sans visage qui mettent leurs mains devant l'endroit où devrait se trouver la bouche. Et une inscription. Vie. Prince. Dieu.

Hinatéa sursauta et se cogna l'épaule à la table basse en plastique. Tulululu. Tulululu insistait son portable. Bordel... Il ne se posa aucune question et appuya sur la touche pour répondre. Troublé par sa vision il mit un moment à dire un mot, et après un gémissement à cause de cette saloperie de table et avoir balancé son cigarillo dans une moitié de noix de coco qui faisait office de cendrier il dit : "Hum... Oui ? ..." Il n'avait pas eu un ton particulièrement désagréable mais plutôt fatigué. Il faut dire que les dernières heures avaient été crevantes. Entre l'orgie avec Jerry, son arrestation, son court séjour en prison... Pour une petite porcelaine fissurée c'était énorme. Mais il pouvait encore tenir debout. Si, si, je vous le jure, ce n'est pas parce qu'il est en train de s'endormir parterre au milieu de vibromasseurs et figurines cochonnes qu'il n'est pas en forme.
Harice dit : "Me dis pas qu'tu dois partir ou j'te refourgue le pervers en plastique qui montre son zguege."

La sonnerie à l'autre bout du fil sonna dans le vide pendant quelques instants qui me parurent être une éternité. Je soupirais pendant que mon portable s'évertuait de contacter un informateur que je ne connaissais pas et que je n'avais jamais vu. Qu'espérait Martigan en me donnant ce tuyau, j'avais un meurtre, deux même, sur le feu et je n'avais pas besoin d'un indic pas clean pour me rendre sur les lieux.

J'allais raccrocher quand on répondit enfin. Il y eut un silence à l'autre bout du fil, comme si la personne était surprise ou pas réveillée, puis un gémissement qui me dit que je n'aurais jamais dû appeler et enfin quelques mots qui résonnèrent dans ma tête. L'homme en question semblait fatigué, las. Je décidais de couper court.

"- C'est Martigan qui m'a donné ton adresse, je suis flic, j'ai besoin de quelqu'un qui connaît bien l'Armansva. On peut se voir tout de suite ?"

Je ne voulais pas lui donner trop de détails sur le pourquoi ni le comment. Il savait ce qui était prudent de lui dire, comment j'avais eu son numéro, mon rôle et ce pourquoi je le contactais.

L'Hôtel Antilles > point de non retour...

"C'est Martigan qui m'a donné ton adresse, je suis flic, j'ai besoin de quelqu'un qui connaît bien l'Armansva. On peut se voir tout de suite ?" la fille dit.

Merde c'est elle. Sur c'est elle qu'il a vu. Hinatéa ne pu s'empêcher de sourire, et donc il se fit frapper par Harice qui disait : "Ouais c'est ça j'suis sûre qu'tu veux t'casser..." Il se sentait un peu maître de quelque chose, même s'il savait bien que ceux qui possédaient le troisième oeil ne pouvaient pas changer l'avenir. A la limite ça Hinatéa s'en foutait, il prenait déjà son avenir en mains. Ou alors pas du tout. C'est comme vous voulez.
Sa vision encore dans la tête, comme s'il venait d'avoir une illumination divine et savait exactement de quoi il s'agissait (ce qui n'était pas tout à fait faux ...) il dit : "Ah ! C'est pour... Heu... Non." Il se mit à rire. Il allait lui balancer cette histoire de bras, spontanément. Ca il en était persuadé, ça avait un rapport avec cet appel. Une flic. Un meurtre aux alentours de l'Armansva. Le puzzle se reconstruisait peu à peu. Bien entendu jamais il ne pourrait lui parler du troisième oeil donc il allait faire le petit innocent qui ne savait rien. Le pauvre idiot qui n'a pas le don fantastique de voir l'avenir. C'était dommage. Tellement dommage de ne pas lui dire carrément : "Je savais que t'allais m'appeler. J'ai vu la table avec les bras." Même s'il ne savait pas à quoi ça correspondait exactement c'était tellement excitant. Tant pis. Hinatéa dit : "Et bah il perd pas d'temps l'coco. C'est d'accord. Dis-moi où j'dois t'attendre."
Vas t'faire foutre connasse. Si ton indic pas clean te plait pas t'as qu'à te débrouiller toute seule au milieu des putes et des mafieux. Voilà ce qu'aurait dit Hina si seulement il avait eu le don de lire dans les pensées en plus de celui de voir l'avenir. Mais non. Hinatéa n'était pas un surhomme. Loin de là. Mais pas de doute là-dessus, il pouvait se montrer bien utile sur ce coup-là, alors profites-en bordel.
Et ce connard de merde de Martigan qui lui refourguait une de ses collègues... Bah. Heureusement qu'Hinatéa était intéressé par cet histoire sinon il aurait tout bonnement refusé parce que trop fatigué. Et peut-être que sans passer par la case départ il serait allé directement en prison. La fameuse case départ. Harice dit : "Putain alors c'est qui ? Dis !" Elle beuglait tellement fort que la flic au bout du fil avait du l'entendre. Hina dit : "C'est ma maman. Je devais aller la voir hier et comme je suis pas venu elle veut que j'y aille ce soir.
- Tu t'fous de ma gueule espèce de con."

Hinatéa lui sourit et Harice qui craquait pour lui (parce qu'elle le trouvait trop mignonne) exigea alors qu'il l'embrasse bien goulûment pour qu'elle accepte qu'il sorte de chez elle, ce que jusqu'ici Hina n'avait fait que quand il avait abusé sur la coke ou l'alcool. Il fit signe à Harice qu'il n'allait rien en faire aussi elle lui jeta un regard méchant et s'avança vers lui dangereusement, son sex toy rose musical dans une main tandis que Hina guettait la réponse du flic tout en reculant, pour finir par se cogner à la télévision.

(HJ = Je pense que se serait bien que tu continues directement au lieu où ils doivent se retrouver =) )

[Direction --> Quelque part :hic: ]