Au conservatoire: Réunion parent-prof.

Le conservatoire…. Un lieu qui ne m’était pas inconnu, étrangement en cette ville, Irina puis Laura l’ayant fréquenté plus qu’assidûment. Moi-même j’y avais pris quelques cours de piano, souvenirs de mon enfance…

Me voici à l’entrée déclinant mon identité. Un préposé, petit homme au costume cintré s’enquiert de ma venue ici. Ils ont sacrément renforcé la sécurité depuis l’affaire Pandore.

Je suis ici pour rencontrer le professeur de ma fille, Cassandra Taylor. Je me nomme Wesley Martigan.

L’employé regarde son terminal un instant avant d’annoncer d’une voix claire :

Vous êtes attendu salle 102B, c’est au premier, seconde porte à gauche en montant par les escaliers.

Un remerciement, et je me dirige dans le dédale de couloirs du bâtiment. Je monte les marches, pousse une porte et me voici dans une salle déserte ou trône un piano. Je ne peux m’empêcher alors de m’approcher de l’instrument, de le caresser des doigts… Avant de…Avant que…Non pas une vision de l’avenir, mais des souvenirs m’assaillent.

Eté 2758, le parc à coté du conservatoire, non loin du quartier irlandais. Une bande de jeunes jouent au Baseball et parmi cette bande un adolescent aux taches de rousseur, vêtu d’un sweat rouge et d’un jean bleu. Il est à la batte et sans problèmes envoi la balle dans les cieux. Bruit de vitre cassée, la balle est entrée dans une des salles du conservatoire…

Eh Wes, t’a gagné…Maintenant va falloir aller la récupérer.

Soupir et voici notre jeune héro grimpant le long d’une gouttière aidé de ses camarades. Heureusement qu’en cet été nombre de fenêtres sont ouvertes et rentrer par l’une d’entre elle ne pose guère de problèmes. Une salle comme celle où je suis et au fond la balle. Je fonce vers elle… Et la porte s’ouvre sur une jeune fille blonde, vêtu à la dernière mode, se rendant sans doute à un cours… Croisement des regards et elle sourit.

Eh bien, ne serait ce donc point là un Voleur ? Ne devrais je pas crier afin de vous faire arrêter ?

Voici qu’en guise de réponse, le garçon se met à bredouiller maladroitement...

Euh….non…Enfin je….C’était pour récupérer….Ma balle…

La voici riant aux éclats, puis tournant son regard bleuté vers moi.

Et bien monsieur le voleur…C’est fait je crois…A présent vous pouvez vous esquiver, mon professeur ne va pas tarder à arriver et il n’aime pas les gens dans votre genre, il est du style jaloux…

Sa main caresse alors la joue du garçon puis elle continue.

Et il aurait de quoi…Mais je suis sur que nous nous retrouverons….

Pas le temps de répondre que déjà la porte va s’ouvrir…A peine le temps de sauter sur la gouttière qui l’a mené jusque là et le jeune garçon à à peine le temps de voir un homme d’une vingtaine d’années entré…

Irina… C’était ici notre première rencontre, la naissance de ce que j’ai appelé notre amour. Pourquoi y penser maintenant alors qu’un sentiment que je pensais à jamais oublier se réveillait doucement ? Je n’en sais rien mais il était amusant de voir que la salle choisie était justement celle où Irina et moi nous étions connus.

Ah la porte qui grince… Sans doute la professeur de piano de ma fille. Je sais aussi que c’est une occasionnelle au péché, mais je ne la juge pas là-dessus. Laura l’adore et ça me suffit pour décider si quelqu’un est bien ou non. De plus elle a un réel don, dommage qu’en notre monde, il faille aussi des relations pour se lancer… Et après on se plaint que personne n’a créer d’œuvres digne de ce nom de puis des siècles…

Invité

19 heures et une bonne trenataine de minutes, telle est l'heure affichée par la splendide horloge placée dans un recoin de la salle des professeurs. A cette heure de la journée, il n'y a plus de cours assurés au conservatoire, et la salle est presque déserte...presque. En effet, assise à une table, solitaire, en train d'écrire au crayon de papier sur des feuilles de partitons, et bien c'est moi. Et oui, je profite du fait que le conservatoire ne ferme ses portes que tardivement, des répétitions d'orchestres ou de chorales ayant lieu fréquemment dans cet endroit, il est très rare que ce bâtiment cesse de déborder d'activité avant une heure avancée de la nuit, ce qui explique probablement l'absence d'habitations dans les environs...
Sur la table, quelques gobelets en plastique vides dont s'échappe encore une odeur de café, mon violon soigneusement rangé dans son écrin, et des papiers. Notes personelles, partitions et surtout...ce petit tas de feuilles sur lequel je travaille depuis quelques mois. Un duo pour violon et piano, moi qui ait toujours rêvée de voir ce que pouvais donner le mélange de mes deux instruments de prédiléction. Mais il y a vraiment des fois où je me demmande...à quoi ça va me servir, surtut que pour l'instant, je n'ai pas trouvé de partenaire pour voir ce que celà donne en pratique. Beethoven, compositeur au génie si grand que son nom est connu de tous, arrivait à écrire ses pièces même une fois devenu totalement sourd, et à malgré tout en faire des chefs d'oeuvre encore reconnus presque deux millénaires après sa mort. Le problème en ce qui me concerne, c'est que je doute d'avoir l'étoffe de Beethoven, et pour l'instant, mon "projet" me semble mal partit.
Je termine d'écrire la dernière ligne du piano en clé de Fa, puis je laisse tomber le crayon de papier, et je me frotte les yeux en soupirant de lassitude. Je suis seule encore ce soir, et les raisons en sont très simples. Wheezy est pour ainsi dire très occuppé à faire tourner sa boite, quand à mes "collègues", les autres professeurs au sein de ce conservatoire, ils ne m'apprécient pas plus qu'avant.
Bordel...encore heureux qu'il n'y aie pas de miroir à proximité...quelle gueule je dois avoir, je crois que j'ai un peu trop forcée sur les heures supplémentaires, et je vais sans doute arrêter d'ici peu vu ce que ça me rapporte. J'y gagnerais sans doute des heures de sommeil...l'inconvénient...c'est que je serais sans doute obligée d'aller faire un tour au Péché pour arrondir ma fin de mois...encore une fois.
En parlant d'horloge d'ailleurs, je vois qu'il est l'heure pour moi d'y aller. Je rassemble mes papiers en vitesse et je jette ces gobelets à la poubelle avant de sortir de la salle. Le bruit de mes talons résonne dans ces couloirs déserts, illuminés par une multitude de lumières tamisées donnant à ce lieu une douceur que je ne suis pas certaine de retrouver ailleurs.

*Allez, plus que ça et j'en aurais terminée, j'espère juste que les parents de Laura ne m'ont pas posé un lapin.*

Allez, direction la Salle 102B si mes souvenirs sont exacts. Ce n'ets pas celle où j'ai l'habitude de donner mes cours mais qu'importe, je n'ai pas demmandée aux parents de venir pour que je leur donne un cour de piano...mais d'une certaine façon pour que j'aie des réponses concernant Laura. La petite prodige comme je l'appelle des fois, et il n'y a rien d'exagéré là dedans, le problème, c'est que celà fait longtemps maintenant qu'elle n'est plus venue et ce sans aucune raison apparente, d'où ce besoin de réponses.
J'arrive à l'étage, et de vois par la porte entrebaillée qu'il y a de la lumière. Bon, pour le moment tout se passe bien. J'ouvre doucement la porte, et je vois à l'intérieur un homme que je reconnais pour l'avoir vu à plusieurs reprises dans la presse. Monsieur Martigan, le père de Laura, debout près du piano et tourné vers moi, visiblement il m'attendait. Si je m'étais contentée des dires des médias, je serais sans doute tétanisée de peur de voir ce "Monstre" en face de moi, mais je sais qu'il n'en est rien...remmerciez votre fille Lieutenant, elle m'a dit beaucoup de bien de vous.
Un sourire, ce n'est pas la peine de l'ennuyer avec mes problèmes personnels, il n'est pas venu pour ça sans compter que c'est la première fois que nous nous rencontrons.

"Bonsoir monsieur Martigan, je suis ravie de vous voir, Laura m'a tellement beaucoup parlé de vous et...j'espérais cette rencontre pour être franche."

Hey ho ma grande, du calme, tu va pas te mettre à rougir en prime ? Bon ok, je dois quand même avouer qu'avoir une quasi célébrité en face de moi n'aide pas, mais faut pas que je m'évanouisse !
Allez, je pose mon tas de paperasse sur le rebord de l'étagère située à côté de la porte, mes partitions personelles tout en haut, il faudra juste que je ne les oublie pas au moment de sortir. Je m'approche de lui et je lui serre la main. J'ai du mal à cacher mon stress du fait que c'est la première fois que j'ai à être directement confrontée à un parent de l'une de mes élèves.

"Bien vous êtes arrivé, je suppose que la mère de Laura ne devrait pas tarder ?"

J’étais perdu dans mes pensées lorsque la porte s’ouvrit….Je me redresse alors, regardant la jeune femme qui entre…. Jeune, effectivement, c’est le mot, à 19 ans à peine, elle est une des plus grandes musiciennes de notre époque… Dommage qu’à notre époque, l’art qui n’est pas officiel tende à recevoir si peu de subventions… Un sourire à celle-ci et j’entends son bonjour, un de ses bonjours francs et sincères qui réchauffent le cœur.

Bonjour mademoiselle Taylor, le plaisir est partagé… Je dois dire que j’ai conçu un certain plaisir à savoir que vous aviez pris Laura sous votre aile, surtout après vous avoir entendu au concerto dédié à Vivaldi l’année dernière.

Oui je me souvenais de ce Concerto à l’odéon… Un moment fort délicieux si je m’en souviens. La musique a tendance à me faire oublier mes soucis, à me vider la tête, à réfléchir sur mon avenir…Mais ses temps ci, aucune musique ne calmait mon inquiétude quand à ma fille… Ni ne gommait l’image d’une femme en ma tête…

Mais je n’étais pas là pour cela. La convocation de cette jeune femme ne me surprenait guère, Laura et elle avaient une relation bien plus profonde qu’une simple relation élève professeur. Je soupçonnais même la gamine, en absence d’une certaine affection de sa mère d’avoir pris les heures passées avec Cassandra comme un substitut, traitant plus sa professeur comme une grande sœur que comme une simple enseignante…. Et rien que cela me donnait une bonne impression de la jeune femme.

Ah voila que celle-ci s’interroge sur la participation d’Irina à cette réunion, et il me fallait répondre à cela :

Mhhh je ne pense pas que mon ex femme viendra… Vous savez, elle a beaucoup de travail du à son métier et j’ai bien peur qu’elle n’est pu se libérer pour cette réunion…

Moyen poli de dire qu’elle s’en fout. Pour elle le talent inné de la gamine pour la musique n’était qu’un moyen de plus de se faire mousser en société et je ne voyais pas Irina faire le déplacement pour voir un professeur… D’autant plus qu’elle savait que je serais présent et qu’il valait mieux pas que nous nous rencontrions.

J’ai bien reçu votre message concernant l’absence de Laura… Néanmoins… Il me faut vous dire que suite à notre divorce, les relations entre mon ex compagnonne et moi-même sont loin d’être au beau fixe comme dans tout divorce…

Un silence alors que maladroitement mes doigts caressent le piano doucement, en effleurant les touches, en testant la sonorité.

Tout ça pour vous dire…. Quelqu’un a cru bon de faire intervenir l’assistance publique et les affaires familiales. Le jugement a eu lieu il y a peu et Maître Waltz, représentant l’état Galiscéen a réussit à obtenir une mise en placement le temps qu’une enquête administrative établisse clairement les droits de garde….

Soupir, soupir, plus j’y repensais, plus j’analysais la chose et plus je me disais que cette histoire puait… Il me fallait en parler à Cali, elle, elle saurait quoi faire…

Toujours est il que ça doit être une erreur administrative…. Bref, il va falloir prendre contact avec les autorités sociales pour savoir si Laura peut reprendre des cours…. Sachant que si l’aspect financier gêne, je suis prêt à payer…

Je fixe alors mon interlocutrice dans les yeux, attendant sa réponse…

» Au Conservatoire: discussion entre amis