Requiem pour coeur brisé [Kurt]

[exceptionnellement je mets de la musique. Elle est trop longue pour le seul post qui suit, ré écoutez là lorsque les autres posts arriveront... A venir donc: Requiem de Mozart]

>>>Pêché originel: "Un filc au pêché"


Des bouts de verres incrustés dans la peau… Un cœur en miette. Calypso on pouvait la suivre à la trace grâce aux petites gouttes de sang qui perlaient sur le sol. Elle était enfin entrée dans sa chambre, sans prendre la peine de fermer la porte à clé. Qu’est- ce qu’elle en avait à faire de ce qui pouvait bien lui arriver? Le mal venait d’être fait. Un mal encore plus grand que ce qu’elle aurait cru. De la part de Wesley, elle se serait attendue à un non, pas à une série d’insultes. A partir de là, elle ne pouvait pas tomber plus bas. Rester à terre ou se relever. Mais là, Calypso n’avait plus de forces, pas même pour pleurer à nouveau. Alors elle alla cherche une pince à épiler dans sa salle de bains, s’assit sur un petit tabouret et commença à s’enlever les morceaux de verres. Dans sa tête commença alors à apparaître de douces et faibles notes. Une musique qu’elle aimait énormément, qui l’avait même fait pleurer la première fois qu’elle l’avait entendue, tellement elle l’a trouvait belle. Le Requiem de Mozart. La musique se faisait plus dense, les premières voix apparaissaient… Et au son des violons, Calypso retirait les bouts de verres.

Finalement, elle se banda la main et se démaquilla. D’un geste souple, elle arracha ses bijoux, déchira violement sa robe. Elle effectuait ces gestes au rythme de la musique tandis qu’elle se dirigeait vers le cabinet de douche. Elle referma les portes saisit d’une main la pomme de douche, de l’autre, elle ouvrit l’eau. Une eau chaude, très chaude. Elle aimait beaucoup. Ca ne lui cicatriserait pas ses plaies intérieures, mais au moins, ça lui faisait du bien. Le seul plaisir corporel qu’elle avait un jour ressentit, c’était ces gouttes d’eau chaude sur sa peau. Elle mit du gel douche et commença alors à s’en passer sur le corps. On disait parfois que la purification de l’esprit commençait par celle du corps… Cette réflexion arrivait au moment où sa main descendait vers le pubis, et sa fleur. Fleur prise de force, arrachée et pourtant pas fanée. Et pour combien de temps encore? Cette fleur, était à l’origine de bien de ses tourments. A l’origine, cet endroit là était fait pour qu’un homme y dépose sa semence, et pour qu’une femme y accueille un enfant. Par la suite, l’Humain décida dans faire un objet de plaisir, et elle, avait du offrir cette fleur durant bien des années. Humiliée, bafouée, et pas de petit bébé à accueillir. De toute façon, il ne valait mieux pas. Elle ne pouvait pas. Son rêve d’avoir un jour maris et enfants, elle avait du le mettre de côté. A la place, elle avait crée Cassandre. Et voilà comment les membres considéraient ce groupe… La musique elle, continuait à tournoyer dans sa tête, et, malgré la signification donnée au mot Requiem ces violons et ces chants l’apaisaient.

Elle sortit finalement de la douche, mais ne prit pas la peine de se sécher. Elle s’enroula dans un peignoir blanc, couleur immaculée, puis fut soudainement prise de spasmes. Elle alla alors vomir dans des WC, puis se rinça la bouche. Elle se regarda dans le miroir, et cracha dessus. Wesley avait réussit une chose ce soir : la dégouter d’elle-même. Nouveau cri, exprimant toute cette haine qu’elle avait accumulée. Contre qui fallait-elle la diriger? Wesley ou elle-même? Car malgré tout ce qu’il lui avait dit, elle ne parvenait pas à l’effacer de son esprit, et encore moins de son cœur, dont chacune des miettes conservait ces sentiments éprouvés. La vie était parfois bien cruelle. Cependant Calypso avait pactisée avec Madame Destinée, et on ne trahit pas Destinée.

Elle retourna finalement dans le salon. Là au fil des sons, elle se dirigea vers le placard, en sorti une bouteille de whisky Irlandais. Une bouteille de réserves, pour les allées et venues de Wesley. Mais il ne viendrait plus, ainsi elle décida de se l’approprier. Elle commença par un verre, et puis un autre. Calypso ne tient pas beaucoup l’alcool, d’ordinaire elle n’en boit presque jamais ? Alors pourquoi là? Parce qu’il fallait bien qu’elle fasse quelque chose, elle n’en pouvait plus de rester comme ça. Et puis, si durant quelques instants, elle pouvait oublier… Encore un verre, sa vision se troubla. Elle ne voyait plus clair. Un éclat de rire ensuite. Rire de dépit. Et encore un verre. Finalement, elle se laissa tomber. Allongée sur le sol, son peignoir mal fermer dévoilait une partie de son buste. Et, elle, avec son regard triste, avait la tête ailleurs… Vers une attraction d’auto-tamponneuses probablement…

Derrière un guichet, se trouvait une femme à l’épaisse chevelure noire. Magnifique, le jour où elle avait prit Lusiana pour époux, beaucoup avaient été malheureux de n’avoir jamais eu la chance de la posséder. Car elle n’était pas une femme facile, et ne se donnait pas aisément. L’on avait même raconté que Lusiana, avait du attendre toute une année avant d’avoir ses faveurs, à compter du jour où ils s’étaient avoué leur amour. Mais tout cela était bien loin, et le couple avait depuis quelques années une adorable fille possédant les mêmes traits que ceux de sa mère. Elle était là, assise à côté de sa mère, un ours bleu dans les bras, attendant patiemment que ses camarades viennent la chercher avec elle. Le père lui, vérifiait que tous les enfants qui montaient dans les autos soient en sécurité, après quoi il continuait sa cigarette avec deux amis à lui. Ce jour là, alors que la petite fille partait en courant rejoindre ses amis, elle avait pu entendre son père qui la couvait du regard prononcer ses mots:

« Regarde la Albin… Dans quelques années elle fera des ravages… »

La gamine regarda son père avec un grand sourire, sans comprendre, puis partit en courant.
Une larme perla au coin de l’œil de Calypso. Une larme, et puis une autre. Et avant qu’une cascade ne se repende sur ses joues, elle ferma les yeux. Qui sait, si elle se concentrait sur ce souvenir heureux peut être remonterait-elle le temps…

*Maman… qu’as-tu fais ce jour là?*

Quelqu’un entra. Elle le savait. Mais qu’importe, cela ne la ferait pas ouvrir les yeux. Si l’on lui voulait du mal c’était le moment. Elle ne se battrait même pas. Que la Mort vienne, elle l’attendrait les bras ouverts. Elle lui ferait peut être même des avances, histoire qu’elle puisse se vanter, avant de s’en aller, que même la Mort lui était passée dessus. Puisqu’à en croire celui qu’elle aimait, elle n’était qu’une vulgaire putain sans émotions propres. A l’appel de son prénom, elle sourcilla. On lui demandait si elle allait bien. Qu’est-ce qu’on n’en avait à foutre de son état? Elle devait être moins bonne à croquer comme cela, cela devait être du à ça… Ce ne fut que lorsqu’elle fut dans les airs qu’elle comprit que quelqu’un la transportait dans ses bras, pour l’amener jusqu’à son lit. Cet homme… Kurt Mortis? Décidemment elle avait vraiment beaucoup bu. Mais ce baiser sur son front, si doux, si protecteur…

*Pourquoi? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?!*

Mais l’homme se détourna. Car il s’agissait bien d’un homme, elle reconnaissait l’odeur masculine, les lèvres aussi. Il s’agissait bien de Kurt Mortis. Ne voulait-il pas la sacrifier sur l’hôtel des pêchés lui aussi? Alors pourquoi tout ça? Aimait-il jouer avec sa victime avant de l’achever? S’il savait… S’il savait qu’elle n’en n’avait rien à faire de son petit jeu, que tout ce qu’elle voulait c’était qu’il l’achève. Il pouvait la noyer, l’étrangler la transpercer, l’enterrer vivante… Tout ce qu’il voulait. Et sil avait peur d’être condamné, elle était même prête à signer un contrat. "...Dort humaniste, car demain ton cœur sera plus douloureux qu'aujourd'hui..." Mais cette phrase retenti, et fit écho en elle. Calypso ouvrit les yeux, et se redressa pénible, toute tremblante. Avec tout l’alcool qu’elle avait ingurgité il était tout à fait normal qu’elle ait du mal à se mouvoir. Et pourtant elle se redressa, et commença à s’avancer. D’une voix qui finissait de prouver qu’elle avait un peu abusé sur l’alcool, elle déclara d’un ton triste, et malgré le fait qu’elle était ivre, cela pouvait paraître déchirant. Peut être même que son état renforçait cela…

« Alors qu’attends-tu pour me l’arracher ? »

Elle continua à s’avancer.

« Hein? Tu en meurs d’envie, j’en meurs d’envie, dehors ils en meurent d’envie aussi. Cela rendrait services à tes intérêts, et à ceux de tout le monde… Alors ? »

Arrivée contre lui, elle fit glisser son peignoir, le long de ses épaules, de son buste, de ses hanches, de ses jambes, pour finalement le laisser tomber silencieusement. Elle s’approcha un peu plus, prit la main du jeune homme. Elle l’a posa sur son sein gauche et la fit glisser, lentement doucement, jusqu’au moment où Kurt allait pouvoir sentir les battements de son cœur. Alors elle reprit:

« Tu vois ? Mon cœur est là. »

A bien y réfléchir, c'était toujours les mêmes qui avait quelque chose à redire contre son activité. C'était toujours la même "catégorie" de personnes qui lui crachait dessus, qui la méprisait. Tout le temps des gens avec des métiers honnêtes, propres, et avec une vie rangée. Et bien qu'en réalité ils étaient tous sauf cela, seule leur apparence blanche primait. A Gallisco, rare étaient ceux qui ne sont pas pourris de l'intérieur, ainsi vallait-il mieux s'attarder sur le paraître et non sur ce qu'il y avait au delà. Tant pis pour ceux qui n'étaient pas bien nés mais qui avaient bon fond.
A l'opposé, ceux qui vivaient la même chose qu'elle ne lui avaient jamais fait aucun reproche. Jamais elle n'avait entendu des médisances, jamais elle n'avait été l'objet de leur mépris. Et bien qu'elle était leur proxénète, les employés du Pêché lui étaient reconnaissants. Reconnaissant qu'elle leur donne un soupsçon d'humanité. Si elle ne le faisait pas, qui le ferait? Alors certes elle ne jouait pas aux héros comme le petit flic dont elle mourrait d'envie de tordre le coup, certes elle ne passait pas ses journées à défendre la veuve et l'orphelin, du moins en apparence, cependant, elle ne pouvait s'empêcher d'estimer que ce qu'elle faisait n'était pas moins noble. Alors, au diable les gens bien pensant avec de belles idées forgées à partir de carton et de papier mâché. Un coup de vent, une averse et tout fout le camp...

Puis Calypso se reconcentra sur Kurt. A croire que ses hyppothèses avaient été fondées. Ses faits et gestes, ses paroles montraient bien que s'il était capable de semer la terreur dans l'Armansva, il avait aussi cet enfant qui sommeillait au fond de lui, ainsi qu'un léger soupsçon d'humanité. Seulement Calypso savait ô combien il pouvait être dur d'empêcher son humanité de se noyer dans ce torrent de violence et de cruauté. Les parrains, les macs, les mercenaires n'apprenaient pas l'humanité. De toute façon, eux aussi avaient été obligés de l'oublier. Pour vivre dans le monde de la nuit, mieux vaut n'avoir peur de rien. Il y a pire que la mort, certains hommes comme Kurt ou Silvano le savent parfaitement. Ici, les parrains infligent quasi quotidiennement bien pire que la mort... Et voilà l'autre qui se plaind d'avoir prit des risques. Pour les gens de la pègre, le simple fait de vivre constitut un risque. Décidément, la rancoeur de Calypso envers celui qu'elle aimait n'était pas prête d'être effacée... Qui le lui aurait reproché de toutes façons? Certainements ceux qui vivent soit disant dans la lumière...

"Kurt... je crois commencer à comprendre que ce que l'on a fait de toi est inhumain. Sache que ces gens là le sont bien plus encore que toi tu ne peux l'être... A la base, tu n'as rien demander à personne..."

Elle le prit alors par la main, en douceur, et l'amena alors vers le lit. Là elle s'asseilla, et d'un geste de la main invita le jeune homme à prendre place à ses côtés. Elle avait envie de savoir, elle voulait comprendre. Ce n'était pas par voyeurisme, l'on comprend que Calypso n'était pas faite ainsi. Non, mais si elle pouvait le comprendre, alors il y avait peut être un espoir... Un espoir qu'il sache ce que c'est, que de ressentir un sentiment autre que le plaisir...

"Kurt je t'en pris, je veux savoir... Raconte moi. Raconte moi ce dont tu te souviens, parle moi de ton passé. Qu'importe si tu le raconte sans émotions, il n'est pas nécessaire de verser des larmes. Et, si tu le souhaite, je peux commencer avant toi..."