Demeure Martigan

(Suite de: https://pandore.1fr1.net/Armago-L-ile-au-Nord-c2/Le-Black-Hole-f15/-p68.htm#68)

J’gare la voiture devant le garage….Voici mon chez moi, un pavillon de banlieue entourés d’autres pavillons semblables, non loin de l’université. Un philosophe des temps passé appelait ce genre de lotissements, des camps de concentration pour classe moyenne. Il avait pas tout à fait tort, la preuve, même à Galisco, malgré le peu de terrain, ils ont gardé le concept. J’avais acheté la chose y a 8 ans maintenant à l’époque ou avoir une famille était loin d’un rêve inaccessible, il me reste 12 ans de traite seul…. L’avantage, c’est qu’à ma mort le solde de l’emprunt disparaîtra….Au moins ma gamine héritera d’une maison trois chambres plus salon-cuisine, c’est pas chouette hein ?

Je pousse la porte, à l’intérieur c’est propre, rangé….Quand j’ai peur de m’endormir, je fais le ménage c’est aussi simple que ça, malgré le fait que personne ne vienne me voir ici… Pas d’amis, pas de femmes, j’aurai pu faire moine. Je pénètre alors dans le salon meublé simplement. Un canapé, deux fauteuils, une table basse et bien sur la télé, la chaîne hi fi et l’ordinateur, le tout à coté d’une cuisine à l’américaine….Je maintiens les illusions ainsi d’une vie normale qui devrait être la mienne. Ah j’oubliais le détail important qui fait mal : dans le coin droit, face à la porte fenêtre du salon se trouve le piano, monument de bois noir astiqué, ultime et dernière chose témoin de mon amour déchu. Je passe dans la cuisine et me fait couler un café, j’ai besoin de me réveiller un peu. Le liquide noir coule dans le mug et je l’avale….Je sens cette sensation chaude du liquide coulant à mon estomac, réveillant mon corps meurtri. Pas d’alcool, j’ai besoin de réfléchir….Je repasse dans le salon et fouille dans les partitions du piano. J’en ressors une grande feuille pliée en deux que j’ouvre sur le piano, dévoilant un schéma compliqué où les lignes se croisent et s’entrecroisent, des photos sont agrafées, ainsi qu’une dizaine d’autres papelards. Sur une des cases un nom que je raye : Ryan Nelson. Et oui ami lecteur, ce schéma est le résultat d’années d’enquête sur le vice de cette ville, la preuve qu’il existe une concordance entre tous les crimes odieux de ses dernières années…Mais il manque le lien, la tête de tout ce cafouillis de liaison… Des indices sont sans doute dissimulés dans la mallette mais pour ça il faut que je trouve un hacker suffisamment bon….Tout à ses réflexions mes doigts parcourent le piano, touches blanches et noires qui se mêlent en un air mélancolique, la célèbre lettre à Elise retentit alors en la pièce (http://www.radioblogclub.fr/open/145730/mozart/Mozart%20-%20F%3Flise). Je ferme les yeux laissant la musique m’envahit alors que mes doigts accélèrent sur les touches. Réfléchis, Wesley…. Toutes les rumeurs disaient que Nelson attendait une grosse rentré d’argent, qu’il avait investit ses billes dans une entreprise légale en rapport avec le médical… Reste à trouver laquelle et pour ça, tu as les Cds.

Le téléphone sonne alors. Je le laisse faire, pas envie d’être déranger. Le répondeur se met en route, crachant son message insipide annonçant mon absence puis vient celui de mon interlocuteur, un rappel automatique enregistré.

Monsieur Martigan ? Carla Lewis, votre avocat chargé de l’affaire concernant votre fille…. J’essaye de vous joindre depuis hier soir, c’est urgent, votre femme réclame un examen psychiatrique, elle prétend que vous êtes un danger pour l’enfant… Rappelez moi demain.

Ouais à trois heures du mat, on m’emmerde encore avec des trucs de ce genre… Mon avocat ne fera rien pour éviter la destruction de ce qui me reste, la corporation a une dent contre moi. Irina, toi qui fut ma lumière, seras tu celle qui me jettera dans l’obscurité ? Je change de musique, jouant à présent un vieux morceau que les jeunes trouveront ringard, le bal des Laze ( https://www.youtube.com/watch?v=rc50m4VXIL4 )

Vide toi l’esprit mec et reprend ta réflexion…. Nelson avait un poste important sans être vital pour l’apocalypse. En le tuant, tu leur as montré que tu étais après eux, ce qui devrait par ricochet déclencher d’autres choses. La fourmilière va s’activer….

Je me relève et me traîne au canapé…Plus la force d’autre chose, je me couche dedans, non sans avoir glisser Lolita sous le coussin… J’ai fait équiper la maison d’un système d’alarme, je deviens parano avec le temps. Une dernière rasade de whisky et mes yeux se ferment alors sur mon petit enfer personnel.

Je suis seul, dans une plaine grise, vêtu comme d’habitude… Autour de moi des voix. Je ne distingue pas l’intonation, ni le sens mais ça parle de moi…. Je tombe a terre, bras en croix…Douleur intense qui s’empare de mon être, je ne peux plus bouger… Passe alors le film de ma vie, une vie ratée et insignifiante par rapport au destin de ce monde…. Des regrets ? Oui j’en ai un paquet, bien trop pour les énumérer ici. Seul, j’ai toujours été seul, je suis le chat de Kipling au royaume des animaux domestiques, celui qui va sur son chemin tout seul et pour qui tous les endroits se valent…Ca c'est ce que j'essaye de croire. Une lumière blanche se fait alors, une voix…. Féminine non loin de la…. J’ai si mal bordel, à mon corps et à mon âme…. Toutes mes nuits c’est ça, on s’habitue pas à sa propre mort… Visages brouillés qui passent dans ma tête, ennemis, alliés et autre, bien trop vite pour que je les distingue…. Puis enfin le noir, l’oubli salvateur…

(Suite ici: https://pandore.1fr1.net/Armago-L-ile-au-Nord-c2/L-Alandura-f9/Un-cafe-un-matin-t37.htm)

(Suite de: https://pandore.1fr1.net/Armago-L-ile-au-Nord-c2/La-Main-Blanche-f8/L-Odeon-f22/-p285.htm#285)

Avertissement : Voila en attendant que mes partenaires postent, je me permet de poster la les rêves débiles fais par notre cher lieutenant la nuit. Ils n’ont pas spécialement de valeur si ce n’est retranscrire son état d’esprit. Bien entendu des qu’un bad boy ou girl voudra intervenir au sein de sa demeure, le rp reprendra son cours normal.)

Certaines personnes prétendent que les rêves sont le reflet de notre âme. Si tel est le cas, je suis vraiment très mal barré, destiné à connaître l’enfer. Comme vous savez amis lecteurs, je rêve de ma mort assez fréquemment et au fond de moi-même je me rends compte que cela tient plus de la prophétie que du rêve…. Et surtout que, et cette affirmation ne rend la chose que plus terrifiante encore, nos actes sont déjà écrit et que rien ne pourra y changer. Destin facétieux que voila, n’être que des poupées aux mains d’un grand architecte. Heureusement que je ne réfléchis pas trop, après tout je suis censé être une bête, un animal au royaume des hommes, sinon je crois que j’aurai fini prof de philo.

Mais passons, surtout que, ami lecteur, tu dois en avoir marre d’entendre les délires métaphysiques d’un flic, dont la seule culture provient d’une carte de bibliothèque. Il est vrai aussi que entre deux enquêtes, j’ai le temps de lire… Pas beaucoup de vie sociale pour le lieutenant Martigan, aucune femme n’a remplacé Irina en mon lit… Et oui, là aussi, n’imaginez pas des hordes d’ex putes sorties du trottoir reconnaissantes, de jeune fliquettes séduite par mon coté action, ou de scientifiques compétentes et sexy menacées par une organisation étrange, il n’en ai rien, je dois faire trop peur, loup solitaire comme je suis. Depuis Irina, c’est zéro, nada, donc ne vous attendez pas à voir des orgies romaines dans mes rêves, c’est beaucoup plus étrange. En général ce genre de rêves prend place après celui de ma mort en plein sommeil profond, même si leur fréquence est beaucoup plus rares.

Ca commence toujours de la même façon, le noir autour de moi, les voix qui parlent…. Des dizaines, des centaines voir des milliers de voix familières qui parlent et je n’existe pas. J’avance seul, pas à pas en cette citadelle de souvenirs. C’est là que je me rends compte que je suis seul, que je ne compte pour personne en cette vie et que mon souvenir s’évanouira le lendemain de ma mort.

Flash : un champ de bataille, autre époque, autre lieu. Autour de moi gémissent les morts et les blessés. Nous sommes en l’antiquité, mon épée tranche mes adversaires en des flots de sang, je sens la sueur des combats, le poids de ma carapace de fer. Je distingue mal les armures, les visages mais je sais que je me bats pour une chose importante. Et alors je sens la lame s’enfoncer en mes chairs, les taillader sans pitié déchirant les organes. J’ai mal, je tombe, vision brouillée par le rouge. Et je tombe à terre.

A nouveau le tunnel noir, ses voies qui continuent à parler, ses formes autour de moi. Et moi je cours tel le lapin d’Alice vers la suite du cauchemar. Cauchemar ? Bah oui, vous allez pas croire que je prend mon pied à vivre ça… Si c’était le cas, ça fait longtemps que les zozos de l’Apocalyptic Blow m’auraient recrutés. Un tel potentiel dans le masochisme, ça serait bête de le gâcher non ?

Mais bref, autre époque, autre lieu…. Je suis attaché et j’ai mal, mes jambes sont brisées… Je suis dans une sorte de salle de classe désaffectée à laquelle il ne reste qu’un grand tableau noir. Je sens les rats me renifler, l’odeur de moisissureJ’essai tant bien que mal de me redresser mais impossible, je ne peux plus bouger. La porte s’ouvre alors, un jeune homme en uniforme entre, Il me regarde, me fait mettre à genoux. Je lui crache des phrases incompréhensibles. Je sens le contact familier d’un canon sur ma tête, puis…. BLAM, le coup de feu part, la balle pénètre mon cerveau.

Reflash, revoyage….Ca continue comme ça pendant des heures, je meurs à chaque fois, à toutes époques, tous lieux de dizaines de façon différentes, soldat inconnu de guerres éternelles, incapable d’arrêter cette spirale infernale de tueries et de sang. Suis-je mieux que les types de mes rêves à mener une guerre perdue d’avance contre le crime de cette cité ? Pourquoi ne suis-je pas ce type normal que j’aimerai tant être ?

Et je me réveille en sueur dans mon canapé, tremblant tel un enfant, en position fœtale. Je ne contrôle plus mon corps, les larmes se mêlent au reste de mes secrétions de peau. Pitié, quand est ce que tout cela s’arrêtera ?

(Suite à: https://pandore.1fr1.net/Organa-l-ile-du-Centre-coeur-de-Gallisco-c3/La-Bourse-de-Gallisco-f13/La-belle-et-la-bete-t47.htm)

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