Les enquetes de Martigan: L'affaire O Connor.

(Prélude: https://pandore.1fr1.net/Organa-l-ile-du-Centre-coeur-de-Gallisco-c3/Boite-de-nuit-The-Fidia-s-f31/-p525.htm#525)

Je gare ma voiture dans le vaste parking d’Omale. Je fixe l’heure : deux heures du matin, la fête doit battre son plein au Fidia’s et elle… Arrête de penser Wesley boy, tu te fais du mal comme ça. Même sans ton don, tu savais que ça finirait ainsi… Et y a eu quoi ? Un baiser que tu lui as honteusement volé ? Alors pourquoi en faire un plat comme ça ? Et tout ça pour aller risquer ta peau pour un dossier sur elle alors qu’elle s’en contrefout de toi ? Aucune raison à cela, c’est ce que moi ta raison te dit, petit flic. Dommage que tu ne sois pas plus réceptif à ça.

Bon, concentration : Parking encore rempli à cette heure c’est que ça bosse un journaleux. J’ai fait un détour par le poste et Isak a raison, cette affaire pue. L’enquête à été confié à un de mes braves collègues, le lieutenant Torelli. Torelli à plus de cinquante ans et sa plus grande réussite fut d’arrêter un tueur de petites vieilles, un drogué qui cherchait à se faire du fric ainsi. Et encore il a fallu que notre tueur en série débutant se fasse assommer par la canne d’une de ses futures victimes… Vous voyez le niveau ? Néanmoins, même lui a demander les résultats de l’autopsie et des analyses scientifiques du lieu du crime. J’avais pu les récupérer en soudoyant un des grouillots de l’entrée en lui promettant une nuit au péché originel. Je verrais ça avec Caly plus tard quand j’aurai récupéré ma récompense.

Je lis donc les documents seul dans ce parking, Isak m’attendant à l’intérieur. Victime Jarael O Connor. Cause probable : empoisonnement par ingestion d’une substance neurotoxique. Premier détail intéressant : On avait volontairement utiliser un poison lent, la paralysant avant de la tuer. Il existe des dizaines de variétés de poisons dont beaucoup sont instantanés, alors pourquoi utiliser un poison lent ? Un avertissement donné à celui ou celle qui lui succèdera ? J’avais une autre théorie… J’avais affaire à un assassin qui avait du prendre son pied à la voir crever ainsi à terre, pensais je. Et donc qui était présent le jour du crime dans la pièce. Logique Wesley boy, le poison n’est pas la meilleure façon de tuer quelqu’un. Tirer la belle du toit d’un immeuble, voir piéger sa voiture étaient des moyens plus fiables en théorie. Plus bruyant certes mais plus fiables aussi. Second détail intéressant : Elle avait été tuée en pleine réunion de travail, devant ses collaborateurs, quinze minutes après notre petite rencontre matinale. Or quand on utilise une saloperie à base de poison pour tuer, on a intérêt à préparer son coup peu de temps à l’avance, sinon des tonnes de variables peuvent empêcher le bon déroulement du meurtre : un tiers individu qui boit le poison, le verre qui se renverse…. Moralité : ça confirmait que l’exécuteur était dans la pièce ou non loin de celle-ci. Ca résumait les suspects à…..une centaine de personnes. Isak avait réagit promptement et fait bloquer l’étage. Tout le monde s’était soumis à un test génétique, capacité d’imitation oblige et tout le monde était bien la personne qu’il prétendait être.

Je sors de la voiture, l’enquête s’annonçait longue, très longue. De quoi éviter de cogiter sur ma fille et sur les évènements de ce soir. Pas plus mal en définitive, j’aurai tout le temps pour pleurer plus tard sur ma vie. L’immeuble d’Omale 289 étages sans compter les sous sols, 20000 personnes y travaillant jour et nuit… Et dedans un tueur, un homme ou une femme qui se sent invincible, heureux du coup de maître qu’il/elle avait accompli pour le compte d’employeurs plus puissants. Sauf qu’il y a un grain de sable nommé Martigan dans cette machinerie parfaitement huilée.

Je pousse donc la porte vitré, pénétrant dans le hall d’entrée, vaste pièce de marbre au plafond de plus d’une vingtaine de mètres. Malgré l’heure tardive, ça grouille de personnes marchant rapidement, journalistes bouclant leur unes avant la clôture de l’imprimerie, informaticiens cherchant à réparer l’énième bug d’un système, hommes d’affaire jouant sur les bourses de l’autre coté de l’hémisphère. Et au milieu de tout cela, électron libre de ce jeu des puissants, Wesley Martigan, lieutenant de la police mondiale affectée à Gallisco.

Une main se pose sur mon épaule. Isak est là m’attendant avec impatience. Marrant comment la plupart de mes ennemis me donnent une image de superflic, alors qu’ils se trompent complètement. Je ne suis qu’un homme presque comme les autres.

Alors Martigan, on commence par où ?

A question bête, réponse bête :

Par le lieu du crime bien sur.

Et il me mène vers l’ascenseur, direction le 289eme étage, les bureaux de la direction.

Musique d’ascenseur lancinante et débile…On monte au sommet du building de verre et d’acier, Isak à mes cotés. L’ascenseur à la taille de mon salon et contient des banquettes et autres aménagement confortables… Faut dire que c’est long 289 étages à grimper, presque un quart d’heure. Autres mondes, autres mœurs qui n’était pas les miens….Quelle expression déjà qui me fait si mal ? Diamétralement opposés oui c’était ça…. Isak, lui semble à l’aise quand je l’observe, engoncé dans son costume, à force de servir de chien à ses gens, il se conduit comme tel. Moi je ne suis pas domesticable, je suis un loup pas un vulgaire canidé de concours. Enfin c’est ce que je me dis.

Ding. 289eme étage, terminus du voyage. Les portes s’ouvrent alors sur les bureaux de la direction. Je m’occuperai de celui de Jarael après, je ne doute pas qu’Isak et sa clique y ont fait le ménage avant l’arrivée de mes valeureux collègues. Non ce que je veux voir c’est le lieu du crime, l’endroit où cette femme qui se croyait invincible est tombée impuissante devant ceux qui lui obéissaient. On m’y mène à cette vaste salle de conférence aux murs sombres décorés des posters de multiples magazines du groupe, comme tout le reste de l’étage. Grande baie vitré dominant la ville, je m’attarde à voir les lumières qui brillent, le néon du Fidia’s au loin…. D’ici tout semble si petit, on comprend mieux le complexe de supériorité de cette femme. Je me tourne et inspecte les lieux…. Une grande table noire entourée de fauteuils confortables avec au bout la place de la dame, tel un trone des temps anciens. Au sol, la trace à la craie de l’endroit où elle s’est effondrée. Que fais je donc là, à cogiter, alors que le moindre indice, la moindre particule ADN a déjà été ramassé par le labo ?

A notre époque, la science a remplacé beaucoup de choses, trop peut être. On ne fait confiance qu’à elle pour résoudre les enquêtes. Du coup, la criminalité s’est adaptée et s’est mise à trouver divers moyens pour contourner cela. Répandre des prélèvements génétiques comme ongles, cheveux, peaux mortes sur le lieu d’un crime est un moyen parmi tant d’autres pour faire cela. Sans parler des banques génétiques de la police inopérantes depuis qu’un gène mutant s’est amusé à nous transformer. Cela explique la recrudescence de crimes sordides et autres. Fin de la digression, remettons nous au travail.

Non moi je suis beaucoup plus intuitif, j’essaye de me mettre à la place du criminel et de la victime, de comprendre l’esprit tordu qui a composé le meurtre comme d’autres composent une symphonie. Méthode qui n’est pas fiable certes, mais qui doit être efficace… N’ai-je pas le meilleur taux de réussite d’affaires de la police de Gallisco ? Bon ok, le troisième œil aide pas mal, mais ça n’est pas la question.

Je parcours donc la pièce, refaisant le trajet de Jarael jusqu’à sa place, observée par la plupart des gens présents….Je m’assois et fait mine de boire parcourant la salle. Qui aurait donc pu vouloir ma mort ici ? Beaucoup, je n’étais pas l’exemple du patron détendu et sympathique, mais peu auraient vraiment le courage de passer à l’acte… Et je m’étale sur le sol, foudroyé par le poison glissé en mon verre, sous les regards indifférents de cette populace qui me craignait tant et que j’aurai aimé exterminé comme des fourmis.

Stop rembobinage arrière, je me tourne vers Isak le fixant :

Je veux une copie des bandes vidéosurveillances de cette pièce ainsi que les dossiers de tous les membres présent à cette réunion… Y compris les parties que vous n’avez pas données à la police… Je veux tout Isak.

Je le vois hésiter, puis finalement acquiescer. Sa soif de vengeance est plus forte que le reste, et il est prêt à rompre certains secrets pour ça. Il passe un coup de fil alors que je réfléchis à nouveau à mon énigme. Qui allais je encore me mettre à dos cette fois ?

Le bureau de Jarael à présent… Un lieu sombre et froid à l’image de son ex propriétaire, grand, spacieux et vide. Et toujours ce noir, présent partout, sur les meubles, les murs. Les murs parlons en, des couvertures de magazines y étaient encadrés mais toutes sans exceptions parlaient de massacres, de mutilations et autres crimes odieux. Jarael, te serais tu suicidée finalement ? Suicide ou accident, quelle théorie allait avoir la faveur de mes collègues ? Allons quiconque te connaissait un minimum aurait su que tu ne serais jamais parti ainsi, seule comme une lâche. Tu te serais fabriqué un suicide digne de ta mégalomanie avec des milliers de morts pour t’accompagner.

Le bureau a déjà été fouillé, Isak et son équipe ont enlevé tous ce qui serait un minimum compromettant et mes collègues pris le reste. Mais ça me plonge dans l’ambiance de ta vie, sombre, triste malgré ton arrogance. Parfois je me demande si je ne suis pas devenu flic pour vivre la vie des autres, pénétrer l’intimité de gens qui ont la chance de vivre autre chose que moi, bref perpétrer une intrusion dans la sphère du privé tel un charognard.

Laporte s’ouvre derrière moi…Isak avec un disque dur contenant les informations demandées. En silence il le charge dans la superbe installation Tri-Di du bureau. Ce qu’est le Tri-Di ? Et bien nous sommes en 2770 et la technologie des loisirs a un peu évolué. Le tridi c’est notre dvd de maintenant sauf qu’au lieu d’être bêtement sur un écran plat, les scènes se déroulent dans la pièce, vous au milieu.

Et donc me voici projeté au milieu du Conseil d’administration d’Omale. Elle est là, enguelant ses subordonnées. Mauvaise humeur due à un crachat peut être ? Mais ça n’est pas elle qui m’intéresse, c’est les grouillots qui l’entourent qui ont mon attention. Les visages sont fermés pour la plupart, mais j’observe jusqu’à ce qu’elle tombe. Rien au premier visionnage, pas grave on recommence, encore et encore, jusqu’à ce que le soleil se lève. Ca m’évite de penser à ce qui peut se passer ailleurs cette même nuit.

Enfin….je l’ai… Au bout d’heures interminables de visionnage, je l’ai enfin ce tueur qui se croit invincible. Aucune preuve si ce n’est mon intuition, et ce demi sourire lorsque Jarael porte le verre à ses lèvres. Oui parce que des sourires quand elle agonisera, il y en a plus d’un, mais tu es le seul à sourire avant qu’elle ne boive. Jeune, les dents blanches, les cheveux longs et noirs attaché en catogan, costard qui se veut décontracté mais où le moindre détail est travaillé… un jeune loup qui cherche à évoluer.

Je réveille donc Isak endormi sur le canapé de la pièceet lui montre l’individu en question.

C’est qui ce type ? Où puis je le trouver à cette heure ?

J’ai du mal à parler, fatigue oblige… Faudrait que je trouve un truc plus fort que la caféine pour tenir éveiller. Je m’assois donc dans le canapé alors qu’Isak me déclame le dossier du suspect.

Luis Amado, il contrôle notre magazine « mode et beauté », récemment engagé, il est diplômé des plus grandes écoles de Madrid. A l’heure actuelle, il devrait être au bureau.

Ouais, je parierai pas ma chemise là-dessus mon gars. Je m’allonge sur le canapé du bureau qu'Isak me laisse… Si Jarael me voyait pioncer ici, elle s’en retournerait en sa tombe. Isak se détourne, c’est son job à présent de faire parler ce type…. Sauf que j’ai l’impression que cette affaire n’en restera pas là et que ce n’est pas là que j’aurai les dossiers…. Le sommeil m’emporte alors dans les méandres de mes cauchemars du jour… Ma fille ma mort ou autre chose ? C’est ce que vous saurez au prochain épisode.

Silhouette… Un bureau somptueux… Et cette silhouette inconnue et pourtant si familière qui me dit des choses que je ne comprends pas dans mon rêve et qui pourtant j’en ai l’impression recouvre la finalité de mon existence. Dort Wesley boy, dort dans ton univers paisiblement cette fois ci, profite de ce répit. Puis voila, des mains puissantes qui me secouent, me sortent de ce sommeil sans ménagement.

De bout Martigan, l’oiseau s’est fait la malle, mes hommes l’ont attendu ce matin, il n’est pas venu au bureau et est injoignable sur son portable. On a vérifié son histoire, j’ai envoyé des hommes à son appart, ce type ne semble jamais avoir existé

Isak…. Quelle douceur dans le réveil. J’ouvre les yeux lentement, fixant l’heure… Onze heures du mat, ca fait quatre heures de sommeil. Pas si mal en définitive. Bref la phrase d’Isak veut tout dire, mon travail pour obtenir ses dossiers n’est pas terminé. Je me lève donc restant assis face à lui… Besoin d’une clope et d’un café pour réussir à émerger. Mais Isak attend bêtement une réponse de ma part une direction à prendre. Je réprime donc un bâillement, réfléchissant à la suite.

Bon à présent Isak, y a deux choix… Ou ce mec s’est vraiment barré, c’était un professionnel juste payé pour la descendre, mais dans ce cas pourquoi utiliser du poison en réunion et se compliquer la vie ou il est la pour autre chose en plus du meurtre de ta patronne… Quelque chose qui réclame qu’il se soit infiltré chez vous pour ça… Et je ne vois qu’une chose capable de faire accomplir de tels actes… Les fameux dossiers… Ou sont ils Isak ?

Je le vois hésiter un moment pour me le dire. Je le sens qu’il cogite, se dit qu’il pourrait attendre lui-même l’homme là bas. Mais non, la raison l’emporte une nouvelle fois sur la passion et il me dit tout.

Dans sa villa, Martigan… Dans les sous sols, un lieu connu de quelques initiés, descendant sous le niveau de la mer… C’est là que… nous avions nos réunions privées.

Tient sous la mer… Souvenir de visions avec le gros poisson affectueux de Jarael. Ouep je sens que je n’ai fais que la partie la plus facile et qu’Isak ne va pas me lâcher ce que je veux pour si peu. Pourquoi donc je me suis laissé entraîner encore dans une histoire qui risque de si mal finir ? Bref, l’homme en face de moi téléphone puis se tourne vers moi inquiet.

Les gardes et domestiques de la villa ne répondent pas…. C’est pas normal à cette heure, y a au moins huit personnes qui devraient s’y trouver….

Et oui Isak, cette affaire pue de plus en plus et nous pouvons difficilement appeler mes collègues. Lui passe d’autres coups de fil, réunissant une petite équipe d’intervention, alors que je vérifie l’état du chargeur de Lolita. Enfin ses yeux se repointent sur moi, me faisant signifier que nous y allons. Direction les garages où nous attendent cinq hommes et un van noir…

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